Un défenseur offensif sacrifié à Montréal: Kent Hughes construit sa transaction

Un défenseur offensif sacrifié à Montréal: Kent Hughes construit sa transaction

Par David Garel le 2025-12-28

Bryce Pickford continue de faire exactement ce qu’il sait faire de mieux : remplir la feuille de pointage et forcer tout le monde à en parler.

Encore hier, le défenseur des Tigers de Medicine Hat a livré une autre soirée déconcertante, ajoutant quatre points à son compteur et confirmant une tendance qui n’est plus un simple feu de paille.

Avec 26 buts et 48 points en 32 matchs, il est tout simplement le meilleur buteur de la WHL, toutes positions confondues. Pas le meilleur défenseur offensif. Le meilleur buteur. Point.

Pour revoir sa performance incroyable:

Évidemment, il faut remettre les choses en perspective. La WHL de 2024-2025 est loin d’être la ligue la plus hermétique défensivement.

Plusieurs talents ont quitté vers la NCAA, les structures sont plus permissives, et les joueurs d’âge avancé peuvent y imposer leur rythme.

Pickford est justement un "overager" : né le 2 avril 2006, il aura 20 ans en avril. Il n’est pas un phénomène de 17 ans qui écrase des vétérans, mais un joueur arrivé à maturité physique qui exploite parfaitement le contexte. Ça ne retire rien à son mérite, mais ça oblige à lire ses statistiques avec lucidité.

Ce qui frappe surtout, c’est que cette explosion offensive n’est pas sortie de nulle part. Pickford n’a pas dominé dès son arrivée dans la ligue à 16 ans. Il a pris du temps.

L’an dernier, on a vu le premier vrai déclic : 20 buts, 27 passes, 47 points en 48 matchs. Cette saison, il a appuyé sur l’accélérateur à fond.

Ce genre de progression tardive intrigue les recruteurs… et excite les directeurs généraux. Parce qu’elle suggère un joueur qui a trouvé son identité, même si cette identité devra être redéfinie au niveau professionnel.

C’est là que le dossier devient franchement intéressant pour le Canadien de Montréal. Oui, Canadien de Montréal vient de lui faire signer un contrat d’entrée de trois ans. Oui, Kent Hughes a aimé le profil. Mais non, ça ne veut pas dire que Pickford est perçu comme une pièce centrale de l’avenir à la ligne bleue. Au contraire.

À Montréal, la congestion défensive est déjà réelle et elle va empirer. Lane Hutson est établi comme le moteur offensif. Noah Dobson, Kaiden Guhle, David Reinbacher font partie du noyau du futur, alors qu'Adam Engström et Arber Xhekaj semblent avoir la priorité sur Jayden Struble au niveau de qui va rester et qui sera échangé.

La hiérarchie est de plus en plus claire, et elle est jeune. La question est simple : a-t-on vraiment besoin d’un autre défenseur offensif, même droitier, même productif, même spectaculaire ?

La réponse, en interne, est probablement non. Et c’est précisément pour ça que Pickford devient si intéressant sur le marché.

Il coche toutes les cases d’un actif de transaction : production élite dans le junior, contrat fraîchement signé, profil atypique, droitier de 6 pieds 1 et 186 livres, et surtout… pas intouchable.

Le Canadien ne veut pas sacrifier ses vrais piliers défensifs comme Reinbacher ou Guhle, ni ses joyaux offensifs (Hage et Zharovsky). Mais il sait aussi qu’un attaquant top-6 ou un centre top-6 ne s’obtient jamais à rabais.

Depuis des semaines, les rumeurs s’accumulent. Seattle et Jared McCann. Nashville et Ryan O’Reilly. Calgary et Nazem Kadri. Saint-Louis et Jordan Kyrou ou Brayden Schenn.

Et inutile de vous parler de Sidney Crosby. Dans presque tous ces scénarios, le Canadien doit ajouter des pièces de valeur sans toucher à ses intouchables. Et c’est là que Bryce Pickford entre dans la conversation.

Un package du type Pickford + Owen Beck + choix de première ronde protégé, possiblement accompagné d’un défenseur déjà établi comme Jayden Struble, commence à avoir du sens pour plusieurs organisations.

Soyons clairs : personne ne minimise ce que Pickford accomplit. Un défenseur qui marque à ce rythme, même dans une ligue faible, attire l’attention.

Mais le hockey professionnel n’est pas une compilation de chiffres bruts. C’est une question de projection, de rôle, de fenêtres pour la Coupe Stanley.

À Montréal, la fenêtre s’ouvre lentement, mais elle s’ouvre dans une direction précise. Et cette direction passe par l’acquisition d’un attaquant capable de produire maintenant, pas par l’empilement d’un autre défenseur offensif qui devra se réinventer à 20 ans dans la ligue américaine.

C’est là toute la complexité du dossier Pickford. Plus il marque, plus il devient précieux… non pas pour ce qu’il sera à Montréal, mais pour ce qu’il peut rapporter à Montréal.

Kent Hughes et Jeff Gorton le savent. Ils ont signé ce contrat en comprenant très bien que ce joueur pouvait devenir une monnaie d’échange majeure au bon moment. Et ce moment approche.

Dans une ligue où les attaquants top-6 se paient au prix fort, un défenseur offensif en feu, même "overager", même imparfait, peut devenir la clé qui débloque enfin un dossier que Montréal traîne depuis trop longtemps.

Ce n’est peut-être que le début pour Bryce Pickford.

Mais ce début-là pourrait très bien se terminer… dans une autre organisation.