Changements sur l'avantage numérique: Martin St-Louis se réveille

Changements sur l'avantage numérique: Martin St-Louis se réveille

Par David Garel le 2025-10-12

Trois matchs, quinze avantages numériques, seulement trois buts.

Ouch. Le jeu de puissance du Canadien est tout simplement insuffisant, et Martin St-Louis le sait.

Après une entame de saison pourtant encourageante sur la route, deux victoires en trois matchs face à Toronto, Détroit et Chicago, le Canadien rentre à Montréal avec une seule tache au dossier : son incapacité à capitaliser sur ses supériorités numériques.

Le coach, qui prêche l’urgence et la précision depuis le premier jour du camp, n’a plus d’excuse. Il doit ajuster, maintenant.

Samedi soir à Chicago, le Canadien a bénéficié de dix avantages numériques.

Dix.

Et sur ces dix occasions, l’équipe a réussi à marquer seulement deux fois.

Un bilan d’autant plus décevant que ces séquences ont manqué de mordant, de cohérence, et surtout, de danger réel.

Le but de Cole Caufield et celui de Zachary Bolduc ont évité la catastrophe, mais tout le reste a été un festival de passes télégraphiées, de tirs bloqués et d’exécutions ratées.

Martin St-Louis n’a pas cherché à se cacher. Enfin il s'est réveillé :

« On n’a pas exécuté », a-t-il admis.

Et il a raison.

Parce qu’au-delà des chiffres, c’est la manière qui dérange. À cinq contre quatre, le Canadien a généré seulement 12 tirs cadrés, dont à peine 9 provenant de zones à haut risque.

On a eu l’avantage d’un homme sans jamais donner l’impression de menacer l’adversaire.

Le Canadien affiche présentement un rendement de 3 en 15 en avantage numérique.

Ce n’est pas catastrophique sur papier, mais c’est trompeur.

Dans les faits, la production baisse à chaque match. Le power play, au lieu de progresser, régresse.

Et c’est un problème majeur pour une équipe qui a besoin de son offensive pour masquer ses lacunes défensives.

Le pire, c’est que le CH a eu le plus d’occasions avec l’avantage numérique dans toute la LNH depuis le début de la saison.

Personne ne s’est retrouvé aussi souvent en supériorité.

Et malgré ça, rien ne décolle.

Nick Suzuki, lucide, l’a admis après la rencontre :

« On a beaucoup appris sur le power play ces derniers jours, mais il faut mieux exécuter. »

Martin St-Louis aime parler de “processus”, mais il ne peut pas se réfugier éternellement derrière ce mot.

Le jeu de puissance ne fonctionne pas parce que la composition des unités n’est pas optimisée.

Zachary Bolduc, certes impressionnant depuis son arrivée, semble solidement installé au centre de la première vague. Suzuki et Caufield gravitent autour de lui, avec Lane Hutson à la ligne bleue. Juraj Slafkovský complète cette formation.

Mais c’est précisément là que ça fait mal : cette unité, trop prévisible, tourne en rond.

Tout passe par les mêmes circuits : Suzuki à gauche, Caufield dans le haut du cercle, Bolduc dans l’enclave. Peu de variation, peu de mouvements, peu de tirs venus de l’arrière.

Et surtout : aucun droitier à la ligne bleue pour menacer le gardien avec un tir croisé.

C’est là que Noah Dobson doit monter.

St-Louis le sait.

Il a déclaré à plusieurs reprises qu’il avait “plus d’options cette saison que jamais auparavant”.

Alors pourquoi hésiter ?

Un simple ajustement, déplacer Dobson sur la première unité, faire descendre Hutson sur la deuxième, changerait toute la dynamique.

St-Louis a-t-il oublié la chimie entre Laine, Hutson et Demidov? Une chimie naturelle oubliée sur toute la ligne.

La grave erreur, c’est d’avoir séparé Patrik Laine et Lane Hutson, un duo qui avait fait des ravages la saison dernière.

Hutson connaît les habitudes de Laine, il sait comment le nourrir dans le cercle droit.

Ensemble, ils avaient marqué 15 buts en avantage numérique l’an passé.

Les séparer maintenant, c’est saboter une arme déjà prouvée.

Et si on leur ajoutait Ivan Demidov, le jeune prodige russe qu’on a trop vite relégué sur la deuxième vague, on aurait une unité terrifiante.

Hutson à la ligne bleue, Demidov en mouvement constant, Laine prêt à frapper… c’est un trio qui ferait trembler n’importe quelle défensive.

Mais St-Louis semble prisonnier de ses idées : la hiérarchie doit se mériter, pas se donner.

Le problème, c’est qu’à force de vouloir tout “mériter”, on finit par gaspiller du talent.

Ce qu’on voit en ce moment, c’est une équipe qui pense trop.

Les joueurs cherchent la passe parfaite au lieu de tirer.

Suzuki hésite, Caufield recule, Bolduc se replace. Pendant ce temps, les secondes s’évaporent.

À force d’attendre que tout s’aligne, le Canadien devient prévisible.

Et dans la LNH, la prévisibilité tue les avantages numériques.

Il n’y a pas de déséquilibre, pas de feinte, pas de variation de tempo.

Tout le monde reste dans son corridor.

Et le résultat, c’est une équipe qui a le plus d’occasions de la ligue, mais le moins de mordant.

Le pire, c’est que Martin St-Louis n’a plus d’autres distractions.

Les gardiens font le travail.

Le jeu à cinq contre cinq est solide.

L’équipe tient la route dans ses duels physiques.

Tout va bien… sauf le power play.

C’est le moment de corriger le tir.

Pas dans deux semaines, pas après cinq matchs, mais maintenant.

Parce qu’un avantage numérique inefficace finit toujours par coûter des points.

Et samedi, à Chicago, le Canadien aurait très bien pu perdre un match qu’il aurait dû gagner par trois buts d’avance.

St-Louis répète qu’il croit au long terme, qu’il veut “bâtir la confiance”.

Mais il y a une ligne fine entre bâtir et s’entêter.

Continuer avec la même formule, c’est ignorer ce que les chiffres crient : ça ne fonctionne pas.

Demidov mérite plus.

Dobson doit avoir sa chance sur la première unité.

Hutson et Laine doivent être réunis.

Et Slafkovský, qui n’apporte rien de concret dans ces séquences, doit redescendre.

L’entraîneur a prouvé qu’il savait faire preuve de courage dans ses choix.

Il doit le montrer encore.

Le CH a tout pour corriger

Le bon côté, c’est que le problème n’est pas structurel : il est dans les décisions.

Le talent est là.

Les options sont là.

Les séquences de possession sont là.

Il manque juste une chose : la volonté d’ajuster.

Le Canadien a survécu à trois matchs difficiles à l’étranger.

Maintenant, il rentre à la maison.

C’est le moment de prouver que cette équipe peut aussi tuer ses adversaires en avantage numérique, pas seulement résister à cinq contre cinq.

Martin St-Louis ne peut plus parler d’expérience, de processus ou de patience.

Il doit produire.

Et le power play, dans une ligue où les matchs se décident sur les unités spéciales, est le test le plus clair de sa capacité à transformer le potentiel en résultats.

Montréal a le talent pour dominer.

Il suffit d’un geste : Dobson sur la première, Hutson avec Laine et Demidov sur la deuxième. Et les deux unités deviendraient deux vrais unités 1A et 1B.

Simple, logique, urgent.

Et surtout, nécessaire.

Parce qu’à Montréal, les partisans ne pardonnent pas les power plays inutiles.