Comportement déplacé: Matvei Michkov doit s'excuser à Martin St-Louis

Comportement déplacé: Matvei Michkov doit s'excuser à Martin St-Louis

Par David Garel le 2025-10-14

Il ne voulait pas jouer à Montréal. Il trouvait Martin St-Louis trop doux, trop gentil, trop “player’s coach” pour lui.

Matvei Michkov, le surdoué russe qui s’était peinturé comme un soldat du hockey prêt à mourir pour un coach autoritaire, avait rejeté l’idée d’être encadré par le Canadien.

À l’époque, plusieurs avaient crié au scandale lorsque Kent Hughes et Jeff Gorton ont préféré David Reinbacher, nous compris. Aujourd’hui, ces critiques doivent-elle ravaler leur arrogance?

Dois-je avouer que le CH a bien fait de snober ce prodige?

Bonne question.

Parce que la vérité vient d’éclater. Brutalement. En direct de Philadelphie. Et elle frappe comme un uppercut.

Matvei Michkov est arrivé au camp d’entraînement hors de forme. Pas un peu, pas à peine. Clairement pas prêt. C’est ce qu’ont confirmé Paul Bissonnette et Ryan Whitney dans leur balado Spittin’ Chiclets, deux anciens joueurs souvent protecteurs envers la nouvelle génération. Mais là, même eux n’ont pas pu couvrir Michkov.

« Il est arrivé au camp en mauvaise forme physique », ont-ils affirmé sans détour.

Quand tu te fais pointer du doigt par Spittin’ Chiclets, balado qui défend tous les joueurs à outrance, c’est que tu es dans le trouble.

Et dans ce cas-ci, ce n’est pas juste un commentaire en l’air. Paul Bissonnette est extrêmement proche de Rick Tocchet, l’actuel entraîneur des Flyers. Les deux travaillaient ensemble chez TNT. Ils se parlent tous les jours. Ce que Bissonnette dit, Tocchet le pense.

Et Tocchet, lui aussi, a laissé couler l’information, sans la nommer directement. Il a évoqué une blessure à la cheville survenue l’été dernier qui a retardé son entraînement. Il a aussi parlé d’un certain “retard” dans le rythme de Michkov.

Mais il a refusé de le couvrir davantage. Il a confirmé que son joueur n’était pas à niveau, qu’il avait été cloué au banc en troisième période, malgré un match offensif explosif des Flyers. Cinq buts, victoire des Panthers… mais zéro point pour Michkov. Et surtout, aucune présence significative en fin de match.

Il a maintenant été blanchi en 3 matchs. 

Ce n’est plus une perception. Ce n’est plus une projection. C’est une réalité : Michkov a déçu. Et il est déjà dans le collimateur.

Il y a un an, on vendait Michkov comme un gladiateur. Un joueur à l’ancienne. Un gars qui voulait être brassé. Il avait été séduit par John Tortorella. Il disait vouloir un entraîneur dur, exigeant, franc. Il avait ouvertement rejeté le Canadien de Montréal parce que Martin St-Louis ne cadrait pas avec son style.

« Je veux un coach qui crie, qui impose le respect. Pas un gars qui flatte ses joueurs », avait-il laissé entendre dans des propos rapportés à RG Média.

C’était clair : il voulait un général, pas un psy. Il voulait une armée, pas un jardin d’enfants. Et c’est précisément pour ça qu’il avait éliminé Montréal de ses options. L’ironie? C’est que Martin St-Louis avait vu venir le désastre.

Parce que derrière la dureté affichée par Michkov, il y avait un manque de structure. Un joueur dont le talent est indéniable, mais dont la discipline personnelle et la préparation professionnelle laissent à désirer. Un joueur capable d’être brillant, mais incapable de se responsabiliser.

Et c’est ce que Martin St-Louis, Jeff Gorton et Kent Hughes ont senti. C’est pour ça qu’ils ont passé leur tour.

« Michkov n’aurait pas survécu dans notre environnement. Ou pire : il l’aurait perverti », confiait récemment un proche de l’organisation à demi-mot.

Lors de sa saison recrue, Michkov avait connu une courbe d’apprentissage rapide sous John Tortorella. 26 buts, 63 points, 80 matchs. Mais ce succès venait à un prix : Tortorella lui hurlait dessus. Le benchait. L'engueulait sans cesse. Et Michkov semblait aimer ça.

Le problème? C’est que cette dynamique reposait sur une chimie particulière entre deux volcans. Deux égos forts. Deux gars qui se respectaient dans la confrontation.

Avec Tocchet, ce lien n’existe pas encore. Et Tocchet n’est pas Tortorella. Il est plus discret. Moins explosif. Mais tout aussi exigeant.

Et Michkov n’a pas livré la marchandise. Pire : il a offert une préparation estivale douteuse, marquée par une blessure inexpliquée, potentiellement liée à son mystérieux accident de voiture à Dubaï.

Quand le corps ne suit plus la bouche...

Le plus gros problème de Michkov aujourd’hui, ce n’est pas son talent. C’est son décalage entre le discours et la réalité.

Il s’était peint comme un professionnel acharné, un joueur prêt à mourir pour l’excellence. Et il se présente au camp avec un retard physique flagrant, hors de forme, incapable de suivre le rythme. Même Rick Tocchet, pourtant connu pour protéger ses joueurs, a fini par l’admettre.

À Montréal, une telle attitude aurait causé une crise. 

Et c’est précisément ce que Martin St-Louis n’aurait pas pu gérer avec un joueur comme Michkov. Le Russe se serait perdu dans un environnement aussi permissif, alors que Martin St-Louis fait confiance à ses joueurs pour qu'ils soient responsables par eux-mêmes et non en attendant le fouet d'en-haut.

À Montréal, Michkov aurait imposé ses conditions. Fait ses fantaisies. Refusé la critique.

Aujourd’hui, à Philadelphie, il frappe un mur. Et ça fait mal.

Avec le recul, on peut critiquer le choix de David Reinbacher. On peut même affirmer que Dmitri Simashev aurait été un meilleur défenseur. Ou que Ryan Leonard est exactement le genre d’attaquant que le CH aurait dû sélectionner. Mais le vrai débat, ce n’est plus Michkov vs. Reinbacher. C’est Michkov vs. l’identité du CH.

Et la réponse est sans équivoque : Michkov n’était pas compatible. Point.

Peu importe ses highlights, ses buts spectaculaires ou sa vision offensive. Si un joueur ne comprend pas qu’il doit se présenter au camp en pleine forme, il trahit ses coéquipiers. Il trahit sa parole. Il trahit son ADN.

Et c’est cette trahison-là que Martin St-Louis avait pressentie. Michkov a vendu une version de lui-même qui n’était pas réelle. Et aujourd’hui, le mirage s’effondre.

Ceux qui critiquaient Martin St-Louis pour ne pas avoir voulu Michkov doivent-ils maintenant reconnaître que le coach du CH avait raison?

Oui, St-Louis est doux. Oui, il mise sur la psychologie. Mais il n’est pas aveugle. Il savait qu’un joueur comme Michkov aurait détruit son vestiaire.

Et Kent Hughes l’a écouté.

Aujourd’hui, ce choix semble sage. Même si Reinbacher déçoit. Même si Michkov marque parfois des buts. Parce que le développement, ce n’est pas qu’une question de statistiques. C’est une question de valeurs, de standards, de règles.

Et Michkov, jusqu’à preuve du contraire, a trahi les siens.