C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour Joe Veleno, et il compte bien en écrire chaque ligne avec fierté, sueur et détermination.
Signé par le Canadien de Montréal pour un contrat d’un an à un volet d’une valeur de 900 000 $, le centre québécois de 25 ans a entendu les critiques, les paroles dans son doss, les insinuations toxiques. Et il a choisi d’y répondre frontalement, avec calme mais fermeté.
Car depuis l’annonce de sa signature, une rumeur particulièrement sournoise s’est mise à circuler dans les coulisses du hockey montréalais : Veleno n’aurait obtenu ce contrat qu’à cause de ses liens passés avec Kent Hughes.
Une signature de « Country Club », murmurent certains, évoquant les connexions personnelles au sein de l’état-major du CH.
Après tout, le DG du Canadien fut jadis son agent, et Quartexx, l’agence qui représentait Veleno, n’est rien d’autre que l’ancien empire bâti par Hughes lui-même avant qu’il ne devienne l’homme fort du Bleu-Blanc-Rouge.
Mais ce qui aurait pu devenir une source de malaise ou de honte pour un joueur moins solide est devenu pour Veleno l’occasion de remettre les pendules à l’heure.
Invité de Tony Marinaro au populaire balado The Sick Podcast, l’attaquant québécois n’a pas esquivé la question. Il a préféré l’affronter.
« C’était ma première année dans laquelle je me retrouvais sur le marché. [Tout était nouveau pour moi. Certes, il y avait une connexion : tout le monde sait que je fais partie de Quartexx et que Kent (Hughes) a été mon agent avant de décrocher le poste de directeur général du Canadien. Il y a eu des pourparlers et l’intérêt était là. D’autres clubs se sont aussi manifestés et on a attendu de voir ce qui allait se passer. »
Oui, il sait ce que les gens disent, et il ne va pas faire semblant de ne pas l’avoir entendu. Je suis au courant des commentaires, des spéculations. Ce n’est pas nouveau dans le monde du hockey. Mais il est ici parce qu'il a travaillé fort, parce qu'il payé sa dette sur la glace. Pas à cause d’une vieille relation avec Kent.
Veleno n’a jamais caché son passé avec Quartexx, ni ses liens professionnels avec Kent Hughes. Il ne l’a pas nié, mais il a tenu à remettre les choses dans leur contexte :
« C’était ma première année d’autonomie, tout était nouveau. Oui, j’ai parlé avec Montréal, et oui, je connaissais certaines personnes. Mais il y avait d’autres équipes qui étaient intéressées. On a pris le temps d’évaluer toutes les options. Montréal est le club que j’ai choisi. Et je l’ai choisi parce que je crois à ce qui se construit ici. »
Pour Veleno, jouer à Montréal n’est pas un passe-droit. C’est un objectif personnel qu’il caressait depuis longtemps.
« Ce n’est pas juste une équipe, c’est une institution. Quand tu es petit et que tu viens du Québec, tu rêves de ce chandail-là. Tu penses à tous les gars qui ont marqué l’histoire ici. C’est une fierté d’en faire partie. »
Et malgré le bruit, malgré les rumeurs, Veleno est clair : il n’est pas venu à Montréal pour se reposer sur des relations.
Il sait que la pression sera immense. Il sait qu’il sera observé, analysé, jugé de partout. Et ça ne l’effraie pas.
« Je n’ai jamais eu rien de donné dans ma carrière. J’ai dû gagner chaque minute de jeu. À Détroit, j’ai appris à être un professionnel. À Chicago, j’ai vécu un moment de transition. Là, à Montréal, j’ai une chance de montrer que je peux contribuer. »
Ses statistiques de la saison dernière, 17 points en 74 matchs ne font pas frissonner. Mais c’est sa polyvalence, son sens du jeu, son implication défensive et surtout sa capacité à jouer au centre comme à l’aile qui intéressent le CH. Et un élément non négligeable : il est gaucher, ce qui manque cruellement à l’équipe au cercle des mises en jeu.
il sait qu'il n'est pas ici pour jouer sur le premier trio avec Demidov ou Caufield. Il ne se fait pas d’illusions. Mais il est prêt à faire le travail. À jouer en désavantage numérique, à prendre des mises au jeu importantes, à bloquer des tirs.
Il. se dit: Si je dois commencer sur le quatrième trio et monter, je le ferai. C’est à moi de prouver que je peux faire une différence.
Et s’il fallait une preuve de son état d’esprit, Veleno l’a livrée en direct, dans le feu de l’entrevue. Le message qu'il voulait passser: Ceux qui pensent que je suis ici juste à cause de Kent n’ont qu’à regarder mes matchs. Ils verront le joueur, pas la connexion.
Il a aussi insisté sur le fait que d’autres équipes étaient intéressées à ses services, mais que son choix de venir à Montréal était sincère.
« Ce n’était pas juste une opportunité. C’était l’endroit où je voulais jouer. Parce que je crois au projet, et parce que je crois que ce vestiaire-là est en train de bâtir quelque chose de spécial. »
Il y a quelque chose de rafraîchissant dans le discours de Veleno. Il ne cherche pas d’excuses. Il ne joue pas à la victime. Il répond. Calmement. Professionnellement. Mais fermement.
Dans un vestiaire où l’ADN de l’équipe repose de plus en plus sur des jeunes qui veulent gagner, pas juste exister, Veleno semble déjà comprendre ce qu’il faut pour s’imposer. Il sait que les projecteurs sont braqués sur lui. Il sait que les mauvaises langues continueront de parler. Mais il a déjà choisi de les ignorer.
« J’ai confiance en moi. Je sais ce que je peux apporter. Et je suis ici pour travailler. »
À Montréal, c’est exactement ce qu’on voulait entendre.