Derrière le sourire : Nick Suzuki reçoit une consigne troublante

Derrière le sourire : Nick Suzuki reçoit une consigne troublante

Par André Soueidan le 2025-08-27

Derrière son sourire calme et ses réponses toujours polies, Nick Suzuki cache une réalité brutale : être capitaine du Canadien de Montréal, c’est marcher chaque jour sur un champ de mines.

Et si Suzuki pensait qu’il pouvait continuer sa carrière tranquille sans se soucier du bruit extérieur, il vient de recevoir un avertissement qui claque comme une gifle en plein visage.

Pas d’un nobody.

Pas d’un journaliste en mal de clics.

Mais de Tomas Plekanec lui-même, l’ancien numéro 14 du Tricolore, celui qui a vu défiler plus d’une tempête médiatique dans la ville la plus folle de hockey au monde.

« Ne lis pas les médias, ne lis pas Twitter », a lancé Plekanec, sourire en coin, lorsqu’Anthony Martineau de TVA Sports lui a demandé quel conseil il donnerait à Suzuki.

On aurait dit une blague, mais il y avait du sérieux derrière la phrase.

Plekanec a passé des années à naviguer dans les rafales montréalaises, souvent critiqué malgré ses 1000 matchs de NHL, ses missions défensives ingrates et ses séries où il se retrouvait à neutraliser Crosby ou Ovechkin.

Lui, il sait. Tu te brûles si tu plonges dans les réseaux sociaux, tu perds ton énergie à lire chaque insulte, chaque commentaire de pseudo-coach de salon.

Et Plekanec sait encore plus à quel point Montréal est unique : ici, ton nom devient un sujet d’actualité au moindre hors-jeu, ton visage est analysé entre deux pauses publicitaires, et tes moindres faits et gestes deviennent viraux en 30 secondes.

Alors quand il dit à Suzuki de ne rien lire, c’est qu’il a vu trop de jeunes sombrer là-dedans.

Dans ses premières années, Plekanec avait encore la chance d’échapper au monstre Twitter et au flot de réactions instantanées.

Les critiques, il les retrouvait dans le journal du lendemain, pas dans sa poche de pantalon en sortant de la douche.

Mais Suzuki, lui, vit à une époque où un gamin de 14 ans sur TikTok peut déchirer sa confiance en quelques secondes.

Et ça, Plekanec le sait trop bien. C’est pour ça qu’il a insisté. Qu’il a choisi ces mots. Parce qu’il ne veut pas voir le capitaine du Canadien se faire aspirer par ce tourbillon.

Et pourtant, si Plekanec parle en vétéran, Vincent Damphousse, lui, est venu enfoncer le clou d’une autre manière, quelques jours plus tôt, sur le plateau improvisé de Spittin’ Chiclets à Montréal.

Damphousse, ancien capitaine du Canadien, ancien président de l’AJLNH, n’a jamais eu peur de dire ce qu’il pense.

Et lui aussi a tenu à rassurer Suzuki à sa manière.

« Tu n’as pas besoin de changer pour être un bon capitaine », a-t-il confié à Nick Suzuki lui-même.

Pas besoin de jouer les grandes gueules, pas besoin d’imiter les Mark Messier ou les Jonathan Toews.

Suzuki, comme Plekanec et Damphousse, est une force tranquille.

Et c’est ce profil-là qui, selon lui, colle à Montréal.

Tu restes toi-même, tu continues de travailler, tu gagnes le respect par tes actions. Point final.

Deux générations différentes. Mais un seul et même message : Nick, fais attention.

Coupe le bruit. Reste toi-même. Le reste suivra.

Et il faut avouer que ce parallèle est fascinant.

Plekanec, avec ses cols roulés, était l’incarnation de la constance.

Pas flamboyant, rarement célébré à sa juste valeur, mais toujours là, toujours fiable.

Suzuki est taillé dans le même moule.

Pas de déclarations choc, pas de scandales hors glace, juste du hockey solide et du leadership silencieux.

Et Damphousse, lui aussi, était ce genre de capitaine-là.

Pas le gars qui arrachait des bancs dans le vestiaire, mais celui qui inspirait par son calme et sa résilience.

Montréal a toujours eu besoin d’un capitaine comme ça, surtout quand la ville cherche constamment à dévorer ses héros.

Le problème, c’est que le contexte d’aujourd’hui n’a rien à voir avec les années Plekanec ou Damphousse.

Montréal est devenue une jungle encore plus folle.

Chaque match, chaque performance est disséquée en direct sur X, TikTok, YouTube, Reddit.

Suzuki n’a pas le luxe de tourner la page et d’attendre le journal du lendemain.

Il ouvre son téléphone et BOOM : des milliers de notifications, de critiques par des partisans enragés ou des journalistes aigries après une défaite en prolongation.

Et c’est ça qui rend l’avertissement de Plekanec encore plus troublant. Parce que Suzuki ne peut pas ignorer que cette réalité est là, collée à lui.

Mais ce qui est encore plus marquant, c’est à quel point Suzuki semble déjà avoir compris tout ça.

Damphousse l’a dit sur Spittin’ Chiclets :

« Ce n’est pas un gars qui parle beaucoup, mais il agit. Il reste calme. »

Suzuki est ancré, solide, malgré ses 25 ans. Il est devenu capitaine sans jamais hausser la voix, mais en montrant l’exemple.

Et ça, c’est exactement ce que Damphousse veut lui rappeler : ne change pas. Ne tombe pas dans le piège de vouloir plaire à tout le monde.

Montréal ne sera jamais satisfaite, peu importe ce que tu fais. Alors autant rester toi-même.

Et c’est là qu’on se rend compte que le message de Plekanec et celui de Damphousse se rejoignent.

L’un dit : ferme ton téléphone. L’autre dit : reste toi-même.

Mais les deux veulent protéger Suzuki de ce qui pourrait le briser : la tentation de vouloir tout lire, tout absorber, tout contrôler.

Parce que c’est impossible. Dans cette ville, tu gagnes trois matchs de suite, tu es un dieu.

Tu perds trois matchs de suite, tu es une fraude.

Plekanec et Damphousse savent à quel point cette montagne russe peut être toxique. Ils l’ont vécue, chacun à leur manière.

Et ils ne veulent pas que Suzuki perde son équilibre là-dedans.

Ce qui rend tout ça encore plus croustillant, c’est la symbolique du numéro 14.

Plekanec l’a porté pendant plus d’une décennie.

Et maintenant, c’est Suzuki qui l’arbore, avec le « C » sur la poitrine en plus.

Comme si ce numéro était celui des capitaines tranquilles, des leaders silencieux.

Et les anciens, en envoyant leur message, semblent lui passer le flambeau : « Tu fais partie de cette lignée, Nick. Ne te laisse pas corrompre par le reste. »

Il faut dire que Suzuki n’a pas la tâche facile.

Oui, ses stats parlent pour lui : déjà 5 saisons de NHL, presque un point par match depuis deux ans, un rôle de premier centre indiscutable.

Mais il n’a pas encore goûté aux grandes victoires, aux longues épopées de séries qui marquent un capitaine à jamais.

Et Montréal est une ville qui ne pardonne pas l’attente.

Ça, Plekanec le sait. Damphousse le sait. Et Suzuki, même avec son sourire constant, le sait aussi.

C’est pour ça que leurs mots résonnent si fort. Parce que derrière ce sourire, Suzuki sait qu’il porte déjà le poids d’une franchise assoiffée.

Alors oui, ce message peut sembler simple : ne lis pas Twitter, reste toi-même.

Mais dans le fond, c’est peut-être le conseil le plus vital qu’on puisse donner à un capitaine du Canadien en 2025.

Parce qu’à Montréal, ce ne sont pas seulement les adversaires qui peuvent te détruire.

C’est ta propre ville. C’est ta propre foule. C’est ce maudit cirque médiatique qui guette chacun de tes gestes.

Plekanec et Damphousse n’ont pas seulement donné un conseil.

Au fond, le message de Plekanec à Suzuki n’est pas une main tendue, c’est un rappel brutal : à Montréal, ce ne sont pas seulement les mises au jeu qui usent un capitaine, mais bien la tempête médiatique.

Et pour survivre, il ne suffit pas de jouer… il faut savoir ignorer.

AMEN