Pendant des mois, Louis Morissette a été l’un des critiques les plus virulents du Canadien de Montréal.
Avec son balado La Poire et le Fromage, il s’est forgé une réputation de franc-tireur, n’épargnant personne : ni la direction du Tricolore, ni ses jeunes espoirs, ni même son capitaine.
Dans l’univers polarisé du hockey montréalais, Morissette représentait cette frange de partisans tannés, cinglants, qui n’hésitent pas à crucifier un joueur avant même son deuxième camp d’entraînement.
Et parmi ses cibles favorites ? Lane Hutson et Nick Suzuki.
Le premier, selon lui, était « un défenseur numéro trois, solide, mais que tu laisses sur le banc quand tu mènes en troisième période. »
Le second ? « Le pire capitaine de la LNH. Il n’a pas l’étoffe d’un leader. »
Mais voilà. Ironie du sort, ou justice divine selon certains, c’est précisément ces deux joueurs-là qui sont aujourd’hui à l’origine de la résurrection du Canadien.
Et depuis qu’ils brillent, Louis Morissette a disparu des ondes comme par magie. Littéralement.
Lane Hutson, on l’a compris, a longtemps été la risée de Morissette. Dans ses interventions, l’humoriste n’avait aucune pitié :
« Lane Hutson, une superstar ? Je m’excuse, mais non, en majuscule. »
« S’il prend 15-20 livres, il va perdre sa rapidité et sa fluidité. Ce gars-là va ramer en asti sur la glace. »
« Il a une shot de bantam A. Et il n’a pas de coup de patin. »
« On dirait qu’il fait du kayak avec ses bras. Donnez-y un cours de power skating. »
Pendant que la majorité des analystes encensaient les habiletés offensives du jeune défenseur, Morissette restait sur ses positions, multipliant les sorties acides, convaincu qu’Hutson ne passerait jamais à la vitesse supérieure dans la LNH.
Et pourtant.
Aujourd’hui, Lane Hutson est non seulement un prodige de la défense montréalaise, mais il a gagné le trophée Calder, remis à la recrue de l'année.
Son aisance avec la rondelle, sa capacité à créer des chances offensives, sa rapidité et son intelligence hockey en font une sensation dans la ligue.
Il s’est même imposé comme quart-arrière de la première unité en avantage numérique, reléguant des vétérans plus établis au second plan.
Chaque point récolté, chaque mention dans les médias américains, chaque survol dans les highlights de la LNH est un doigt d’honneur non-dit aux critiques. Surtout à une : celle de Louis Morissette.
Nick Suzuki n’a pas été mieux traité.
Morissette l’a démoli sans relâche :
« Nick Suzuki n’est pas un premier centre. Si le Canadien veut gagner un jour, il devra trouver un 1A. Suzuki peut être un bon 1B ou un deuxième centre, mais il n’est pas l’homme de la situation. »
« Suzuki, c’est le pire capitaine de la LNH. Il n’a pas l’étoffe d’un leader. »
« J’trouverais ça drôle qu’on arrache le “C” à Suzuki pour le donner à Kaiden Guhle. »
Ces attaques n’étaient pas juste dures, elles étaient personnelles.
Et pourtant, Suzuki a encaissé. Il n’a jamais répliqué. Il a continué son développement en silence, peaufinant son jeu dans les deux sens de la patinoire, acceptant la lourde responsabilité d’un club en reconstruction, et apprenant à diriger un vestiaire jeune dans un marché impitoyable.
Aujourd’hui, il récolte les fruits de son travail.
Avec une moyenne de plus d’un point par match, le temps de glace le plus élevé chez les attaquants du circuit, et un calme exemplaire en toute situation, Nick Suzuki est en train de clore le débat : oui, il est un vrai centre numéro un. Et oui, il est un excellent capitaine.
Ce qui rend l’affaire encore plus savoureuse (ou pathétique, c’est selon), c’est la gestion actuelle du balado La Poire et le Fromage, coanimé par Louis Morissette.
Alors que le Canadien va avoir sa meileure équipe en près d’une décennie, que les fans sont euphoriques, que les médias n’ont d’yeux que pour Hutson et Suzuki.. Morissette devra prendre son trou et se calmer avec les critiques virulentes envers les superstars du CH.
Aucune mention du Canadien. Aucun mot sur Hutson. Silence total sur Suzuki..
Il a trop parlé et maintenant que le CH prouve qu’il avait tort, il doit se tenir tranquille.
C’est facile de critiquer quand tout va mal, mais où est-il quand l’équipe performe ?»
Pendant des mois, il a bâti un discours médiatique structuré autour du pessimisme, de la déconstruction des espoirs et de la conviction que le Canadien allait droit dans le mur.
Il n’était pas seul à penser ainsi. Mais il était de ceux qui tapaient le plus fort.
Maintenant que l’équipe dépasse les attentes, que les jeunes livrent la marchandise, que l’identité du club se solidifie, Morissette n’est plus là. Et ce silence ne passe pas inaperçu. Il est interprété comme un aveu. Une forme d’abdication.
Chaque fois qu’il dira un mot sur Lane Hutson, on lui rappellera qu’il le voyait comme un défenseur de fond de top 4.
Chaque fois qu’il osera commenter Nick Suzuki, on lui rappellera qu’il voulait lui retirer le “C”.
Et surtout, chaque fois qu’il parlera du Canadien, on lui rappellera qu’il a fui quand l’équipe allait bien.
Les réseaux sociaux ont de la mémoire. Les extraits audio tournent en boucle. Et les fans n’ont aucune pitié pour ceux qui ont tiré les premiers… puis disparu quand la situation s’est inversée.
Louis Morissette, en tant que personnalité publique, a toujours aimé provoquer. Il a un flair indéniable pour sentir l’opinion dominante et la contester. Mais cette fois, il s’est heurté à un mur plus solide que prévu : le mur des faits.
Lane Hutson est un phénomène. Nick Suzuki est un vrai leader. Et le Canadien de Montréal, pour la première fois depuis longtemps, a l’air d’un vrai club de séries.
Ce n’est pas juste un revirement sportif. C’est un renversement narratif, voire un effondrement médiatique. Et dans ce nouveau récit, Louis Morissette est devenu le personnage secondaire qu’on oublie volontairement… ou qu’on épingle comme exemple de ce qu’il ne faut plus écouter.
Au final, toute cette saga résume parfaitement le phénomène du clic-faux-faux : ces figures publiques qui cliquent fort, qui parlent fort, mais qui tombent à plat dès que la réalité contredit leur récit.
Louis Morissette a bâti une image sur l’assurance, le sarcasme, et la critique virulente. Mais la saison du Canadien le réduit à néant. Il s’est trompé. Spectaculairement. Et au lieu de l’assumer, il s’est caché derrière son balado où personne ne le "challenge".
C’est tout ce que les fans doivent savoir. Lane Hutson continue de faire du ballet sur la glace. Nick Suzuki continue de distribuer les passes et les sourires. Et Louis Morissette, lui, pédale dans le vide.
Mais attention: Morissette a peut-être disparu pour l'instant, mais il n’a pas disparu du paysage. Car pendant que les projecteurs sont braqués sur Lane Hutson et Nick Suzuki, pendant que les réseaux sociaux se moquent de ses anciennes prises de position, il prépare sa revanche dans l’ombre. Et cette revanche n’est pas silencieuse : elle est stratégique, calculée, médiatique.
La preuve ? Il vient de s’offrir le meilleur balado sportif au Québec. Oui, Mathias Brunet et Simon “Snake” Boisvert, les deux têtes les plus influentes du hockey francophone, quittent BPM Sports pour aller s’installer dans l’empire de Morissette.
Selon nos informations, Morissette les a recrutés après des mois de tensions et de retards de paiement à BPM. Il leur offre une plateforme indépendante, fluide, généreusement financée. Un lieu où plus personne ne les censurera. Où Morissette contrôle le narratif.
C’est un coup de circuit. Un message clair : vous vous êtes moqués de moi, vous avez ridiculisé mes opinions sur le hockey, mais désormais, j’ai avec moi les deux voix que vous écoutez religieusement chaque semaine.
Et ce n’est pas tout. En ajoutant le balado à son arsenal, Morissette envoie un avertissement à tout le milieu médiatique : il n’est plus seulement humoriste ou producteur télé, il devient un joueur-clé du journalisme sportif numérique.
Alors, peut-être que Louis Morissette s’est trompé sur Lane Hutson. Peut-être qu’il a eu tort sur Suzuki. Mais au lieu de s’humilier en s’excusant, il a opté pour une contre-attaque sans pitié : acheter le micro de ceux qui ont eu raison.
Et ça, c’est peut-être encore plus déstabilisant.