Gabriel Nadeau-Dubois s’effondre face à Martin St-Louis: une entrevue tourne au vinaigre

Gabriel Nadeau-Dubois s’effondre face à Martin St-Louis: une entrevue tourne au vinaigre

Par David Garel le 2025-07-13

Le parc Molson, un café à la main, un regard pensif et détendu, des lunettes accrochées au col d’un t-shirt blanc sous un veston. Voilà l’image de Gabriel Nadeau-Dubois que La Presse a choisi d’imprimer dans l’imaginaire collectif cet été.

Celui d’un homme libéré, apaisé, serein. Celui d’un « combattant de gauche » qui aurait donné quinze ans de sa vie au peuple, et qui, maintenant, mériterait la reconnaissance nationale.

Mais la réalité, elle, est tout autre. Gabriel Nadeau-Dubois n’a pas quitté la politique en héros. Il a quitté son poste comme un capitaine quitte le navire avant le naufrage. Il a fui avant d’avoir à rendre des comptes. Et La Presse, financée par l’État, s’est empressée d’en faire un martyr romantique.

Il faut le dire crûment : l’entrevue d’Alexandre Sirois dans La Presse est une opération de réhabilitation. On y présente GND comme un homme usé, vidé, mais noble.

On ne lui pose pas une seule question dure. Rien sur le rejet populaire de QS dans les récents sondages. Rien sur l’effondrement du parti dans les intentions de vote. Rien sur sa responsabilité directe dans l’impasse stratégique du parti, dans les démissions internes, dans la rupture avec Catherine Dorion, Émilise Lessard-Therrien ou les jeunes militants. Non. Juste un café, un parc, des confidences molles, des formules creuses.

Ce n’est plus du journalisme : c’est du culte de la personnalité. C’est La Presse, un média subventionné, qui sert d’agence de relations publiques pour un politicien qui a fui la scène.

Et comme par hasard, la même Presse qui avait fait un portrait quasi-mystique de Valérie Plante en « reine bâtisseuse de Montréal » quelques semaines auparavant. Une Plante que l’on dit aujourd’hui pressentie pour succéder à GND comme cheffe de Québec solidaire.

On est en train de construire un récit. Un mythe. Celui d’une gauche noble, progressiste, qui aurait été trahie par la dureté du monde réel. Et ce récit, financé par nos impôts, est une insulte au bon sens.

Dans le monde du sport, les démissions ont une autre signification. Quand Martin St-Louis, l’entraîneur du Canadien de Montréal, est resté dans la tempête malgré tous les médias qui voulaient sa peau, il l’a fait contre vents et marées, au plus fort d’une saison difficile.

Mais il est revenu. Il est resté debout. Il a assumé. Et depuis, il a été nommé finaliste au trophée Jack Adams remis au meilleur entraîneur de la ligue.

Imaginez si St-Louis avait quitté pour de bon, puis accordé une entrevue quelques mois plus tard, dans un parc, pour dire qu’il avait « perdu son élan ». Qu’il voulait « passer le flambeau ». Qu’il en avait assez des critiques et de l'ouragan médiatique?

Et qu’après, La Presse était allée le retrouver dans un parc avec un café pour nous dire à quel point c’était un grand homme, un modèle de courage.

Mais ce n’est pas ce qu’a fait Martin St-Louis. Il est resté. Il a assumé. Il s’est battu. On lui collait sa démission tous les jours dans les médias, on disait qu’il avait perdu le vestiaire, qu’il n’avait pas les outils, qu’il n’était pas fait pour coacher dans la LNH.

 Martin St-Louis, lui, n’a jamais fui. Au contraire. Il s’en est nourri.

« Les gens qui doutent de moi, ça me donne de l’essence », avait-il dit un jour, droit dans les yeux à un journaliste, sans détour.

Pas besoin d’un banc de parc et d’un gobelet à café pour expliquer ça. Pas besoin d’un veston sur un t-shirt blanc pour justifier son existence.

Il avance. Il affronte. Il ne choisit pas ses combats, il les mène. Et c’est là qu’on voit la différence. L’un est resté au front quand ça brûlait. L’autre est parti en disant qu’il reviendrait peut-être un jour.

Entre les deux, il y a un gouffre. Et ce gouffre, c’est celui qui sépare ceux qui construisent du chaos… de ceux qui prétendent vouloir le réparer, à condition qu’il fasse beau.

Mais dans le cas de GND, La Presse appelle ça de la sagesse.

C’est là tout le contraste : Gabriel Nadeau-Dubois n’est pas Martin St-Louis. Et Québec solidaire n’est pas le Canadien de Montréal. Le premier s’est effondré dans le silence, le second se relève dans le bruit.

Dans l’entrevue, GND dit qu’il a été blessé par les critiques internes, qu’il a voulu « garder une réserve », qu’il ne veut pas « régler ses comptes ».

Il a laissé les mauvaises langues à d’autres. Il refuse même de nommer Catherine Dorion, qui l’a pourtant accusé dans son livre Les têtes brûlées d’avoir trahi l’essence même du projet solidaire. Il évoque une « course à relais », comme si la transmission du pouvoir n’était pas une fuite, mais une noble passation.

Mais de qui se moque-t-on? Québec solidaire est à genoux. Le parti est sans chef. Les bases militantes sont en colère. Le lien avec les classes populaires est rompu. Et pendant ce temps, La Presse prépare le retour de Valérie Plante.

Valérie Plante, la mairesse qui a détruit Montréal en prétendant l’humaniser. Celle qui a transformé les pistes cyclables en pièges, qui a laissé la ville crouler sous les chantiers et les itinérants, qui a vidé les caisses pour des projets irréalistes. Et c’est elle qu’on voudrait maintenant propulser à la tête de Québec solidaire?

Le lien est clair : La Presse n’est pas un observateur neutre. C’est une fabrique idéologique. Elle réécrit l’histoire, redore les réputations, efface les échecs. Et elle le fait avec notre argent.

La stratégie est habile. GND ne quitte pas parce qu’il a échoué, mais parce qu’il est fatigué. Parce qu’il veut être un meilleur père. Parce qu’il a donné « quinze ans de sa vie » à la cause.

On romantise le burn-out. On transforme l"échec en vertu. On veut nous faire croire que c’est un acte de bravoure que d’abandonner la politique au moment où elle a le plus besoin de courage.

Mais tout le monde voit clair. Les militants, les électeurs, les journalistes honnêtes. GND a quitté avant que Québec solidaire s’écrase aux élections. Il a senti le vent tourner. Il n’avait plus d’élan, certes. Mais surtout, il n’avait plus de plan.

Et aujourd’hui, il ne veut pas être un « ex-politicien de plateau télé ». Il dit vouloir rester engagé autrement. Mais à quoi ça ressemble? Une fondation? Un contrat de chroniqueur à Radio-Canada, payé aussi par nos impôts?

Il n’a pas quitté pour s’effacer. Il a quitté pour se repositionner.

Gabriel Nadeau-Dubois n’est pas un héros. Il est un stratège qui a choisi de sauver sa réputation plutôt que son parti.

Et La Presse est le médias complaisant de ce récit falsifié. En glorifiant l’abandon, on piétine la mémoire de tous ceux qui restent debout, dans le feu, au service du public. En effaçant les échecs, on infantilise la gauche. Et en faisant de Valérie Plante une héritière politique, on achève ce qu’il restait de crédibilité à Québec solidaire.

Le Québec mérite mieux. Mieux qu’un politicien en jogging qui boit son café dans un parc pendant que son parti s’effondre. Mieux qu’un journal qui le célèbre sans poser de questions. Mieux qu’un système médiatique payé à même nos taxes qui fabrique des légendes sur commande.

Gabriel Nadeau-Dubois a quitté le navire. Libre à lui. Mais qu’on ne nous demande pas d’applaudir sa fuite.