Injustice à Montréal: Samuel Montembeault voit rouge

Injustice à Montréal: Samuel Montembeault voit rouge

Par David Garel le 2025-08-02

Samuel Montembeault est-il le héros sacrifié d’un plan qui ne le concerne plus?

Il est le numéro un du Canadien de Montréal. Il est presque assuré de représenter le Canada aux Jeux olympiques d’hiver de Milan. Il a prouvé qu’il pouvait voler des matchs, qu’il pouvait tenir le fort dans les moments critiques, qu’il pouvait être l’homme de confiance d’une équipe qui cherche à revenir dans l’élite.

Et pourtant… tout le monde le sait : Samuel Montembeault ne ramènera jamais la Coupe Stanley à Montréal.

Non pas parce qu’il n’en est pas capable. Mais parce que l’organisation, ses partisans, les médias et même l’état-major du hockey canadien ont déjà tourné la page.

Bienvenue dans l’histoire déchirante d’un gardien québécois qui, malgré toutes ses preuves, semble condamné à n’être qu’un pion de transition.

Une place assurée… mais accessoire...

Lors de l’annonce des 42 joueurs invités au camp d’orientation d’Équipe Canada pour les Jeux olympiques de 2026, trois noms du Canadien ont retenu l’attention : Nick Suzuki, Noah Dobson et Samuel Montembeault.

Pour Suzuki, la bataille s’annonce féroce. Pour Dobson, incertaine. Mais pour Montembeault… la place semble déjà acquise.

Le gardien québécois fait partie du même trio de portiers qui a participé à la Confrontation des 4 Nations, et aucun autre gardien n’a été invité au camp.

Sur papier, c’est une reconnaissance immense. Le rêve de tout joueur canadien : porter la feuille d’érable aux Olympiques.

Mais dans les faits, c’est une reconnaissance empoisonnée.

Car Montembeault n’est pas vu comme une solution, mais comme une option de secours. Comme un bon soldat. Aux 4 Nations, c’est Jordan Binnington qui a eu les départs. Adin Hill était l’adjoint. Et Montembeault? Il a réchauffé les gradins.

Tout laisse croire que le scénario se répétera à Milan. À moins d’une blessure, il ne verra probablement pas la glace. Il fera le voyage, enfilera l’uniforme… et regardera les autres jouer.

Une injustice criante, quand on se rappelle qu’il a été un pilier pour le Tricolore lors de la dernière saison. Mais aussi un miroir de ce que Montembeault vit à Montréal depuis déjà trop longtemps : une confiance conditionnelle. Un respect temporaire.

Pendant ce temps, à Montréal, Montembeault est dans la deuxième année de son contrat de trois ans à 3,15 millions par saison. Une aubaine, quand on compare avec les contrats démesurés accordés à d’autres portiers de la ligue. Il est payé en dessous de sa valeur réelle, et il le sait.

Mais ce contrat n’est pas un tremplin vers une stabilité à long terme. C’est une date d’expiration programmée.

Le CH ne lui offrira pas de prolongation. Pas parce qu’il est mauvais. Mais parce que le plan d’avenir ne l’inclut pas.

Le plan, c’est Jacob Fowler.

Le prodige américain, champion NCAA, héros des séries à Laval, gardien du futur encensé par tous les dirigeants, est prêt. Il est jeune, il est sous contrat d’entrée, et il est vu comme le gardien de concession que l’organisation attendait depuis Carey Price.

Tout est construit autour de lui. Et Montembeault, lui, est simplement là pour combler l’écart.

Tout le monde sait que Kent Hughes ne laissera pas partir Montembeault pour rien. Il a trop de valeur. Il sera échangé.

Tôt ou tard. Peut-être dès la date limite en 2026. Peut-être l’été prochain. Mais ce qui est certain, c’est qu’il ne sera plus là après 2027.

Et c’est là que le paradoxe devient insoutenable.

Le gardien dont personne ne veut… pour longtemps...

Montembeault est respecté. Il est apprécié. Il est admiré pour sa résilience, sa constance, sa progression. Mais il n’est pas vu comme celui qui ramènera une Coupe à Montréal.

Et c’est la même chose pour Équipe Canada. On respecte son parcours. On l’applaudit pour son sang-froid. Mais on ne lui confiera jamais le filet dans les grands moments.

Il est coincé dans une zone grise. Entre l’admiration et le doute. Entre le rôle de partant… et celui de bouche-trou.

Et ce flou identitaire est d’autant plus cruel qu’il n’est fondé sur aucun échec.

Montembeault a livré la marchandise. Il a gagné des matchs. Il a volé des points. Il a performé en séries. Il a tenu tête à de grandes équipes. Et pourtant, à chaque fin de saison, la même phrase revient :

« Oui, mais ce n’est pas lui l’avenir. »

Une injustice personnelle… et humaine.

Ce qui rend cette situation encore plus déchirante, c’est qu’elle touche l’humain derrière le joueur.

Montembeault n’a jamais fait de vague. Il n’a jamais critiqué le plan. Il n’a jamais demandé une prolongation. Il a toujours été professionnel, disponible, humble.

Il a accepté de partager le filet avec Cayden Primeau et Jake Allen. Il a accepté de voir Dobes obtenir des départs et de parfois lui voler la vedette. Il a accepté de se faire oublier, même lorsqu’il enchaînait les victoires.

Et aujourd’hui, il accepte de faire partie du plan olympique… tout en sachant que personne ne compte vraiment sur lui.

Il est devenu un joueur jetable, dans une ère où les jeunes prennent toute la place, où l’avenir est plus important que le présent.

Et pourtant, dans le cœur des partisans, Montembeault a une place spéciale. Il est l’un des seuls Québécois de l’équipe. Il est le seul gardien depuis Price à inspirer une forme de confiance chez les fans.

Quand il est devant le filet, il y a une stabilité, une structure, une sérénité.

Mais même ça, ce n’est pas suffisant.

Même l’amour du public ne peut rivaliser avec l’obsession des dirigeants pour le potentiel, pour la jeunesse, pour le prochain prodige...Jacob Fowler...

Une dernière saison… et puis s’en va?

Alors que la saison 2025-2026 débute, tout le monde le sait : Montembeault vit ses derniers moments à Montréal. Il est devenu un actif. Une monnaie d’échange. Un gardien avec une valeur marchande pour la saison 2026-2027 (dernière année de contrat).

Plusieurs équipes sont intéressées. Les Oilers, évidemment, toujours à la recherche d’un sauveur. Mais aussi les Flyers de Philadelphie, qui suivent Montembeault depuis des mois. Et eux, contrairement à Edmonton, ont des espoirs et des choix à offrir.

Ce serait un fit logique.

Mais ce serait aussi la fin d’un chapitre douloureux.

Car si Montembeault quitte Montréal, ce ne sera pas par choix

Et ce serait, encore une fois, une injustice.

Quand on y pense, c’est presque tragique.

Un joueur qui s’est battu pour devenir numéro un. Qui a performé dans un des marchés les plus durs de la LNH. Qui a tenu l’équipe à bout de bras dans des saisons difficiles. Et qui, malgré tout, sera écarté du projet.

Parce que Jacob Fowler est là.

Parce que les Jeux olympiques ont déjà désigné leurs titulaires.

Parce que la LNH ne pardonne pas aux gardiens de 28 ans qui n’ont pas de branding.

Samuel Montembeault mérite mieux.

Mais le hockey moderne ne fonctionne pas à la gratitude.

Il fonctionne aux projections. Aux modèles statistiques. Aux feuilles de route.

Et dans tous ces modèles, Montembeault n’est pas celui qu’on attendait.

Il est celui qu’on a utilisé en attendant.