Commotion à Cogeco: Dany Dubé détruit Ivan Demidov en ondes

Commotion à Cogeco: Dany Dubé détruit Ivan Demidov en ondes

Par David Garel le 2025-10-22

Dany Dubé est allé trop loin. Quelle surprise de l'entendre démonter Ivan Demidov en mille morceaux au 98,5 FM.

En écoutant Dubé sur le , c’est exactement ce que plusieurs partisans du Canadien ont ressenti : un mélange de frustration et d’incompréhension.

L’ancien entraîneur adjoint devenu analyste, longtemps perçu comme une voix équilibrée, a tout simplement largué Ivan Demidov sous l’autobus. Et il l’a fait avec un ton professoral, en appuyant mot pour mot la justification de Martin St-Louis sur la gestion du jeune prodige russe.

Dubé, qu’on avait connu patient et pédagogue, a pris le micro pour faire ce que personne n’osait : expliquer en long et en large pourquoi Demidov, selon lui, ne méritait pas plus de glace. Ses propos nous glacent le sang.

« Il n’utilise pas encore sa vitesse à bon escient, » a-t-il lancé, comme pour valider la philosophie de St-Louis.

« Il a de la difficulté à lire ou à sentir que, quand il accélère, il fait reculer la défensive. »

« Souvent, il fait reculer la défensive, et au lieu de prendre une enjambée de plus et de tirer une volée, ce qu’il ne fait jamais, il fait un delay, un retard. Il tourne le dos au jeu. Il n’y a plus rien. Combien de fois on voit ça ? »

« C’est une bonne manœuvre quand tu es en désavantage numérique ou seul contre deux défenseurs. Mais quand tu as des surnombres, tu ne fais pas ça. Combien de fois on voit la rondelle finir dans le coin ? »

« Il essaie souvent une passe transversale. Ça, ce sont des jeux de grande glace, ou des jeux d’avantage numérique, ou de 4-contre-4. Pas à cinq contre cinq. »

Et comme si ce n’était pas assez, Dubé a poursuivi:

 « Il ne lance pas assez. Il ne se sert pas du défenseur adverse comme écran. C’est comme Cole Caufield au début de sa carrière: il lançait toujours fort, mais jamais entre les jambes du défenseur. Maintenant, il va à l’intérieur, il tire entre les patins, il utilise tout ce qu’il a à sa disposition. » 

Ces mots, dans la bouche d’un ancien entraîneur du Canadien, pèsent lourd. Car ils ne sont pas de simples détails. Ils tracent une ligne entre ceux qui croient encore au talent brut, au génie instinctif, et ceux qui cherchent à le canaliser, à le rationaliser, à le normaliser.

Et pour Ivan Demidov, 19 ans, venu de Saint-Pétersbourg pour prouver qu’il peut dominer dans la meilleure ligue au monde, ce genre de discours est dévastateur.

Le jeune ailier n’a pas eu un début de saison parfait, c’est vrai. Il cherche ses repères, il s’adapte à un système nord-américain plus direct, plus compact. Mais depuis quand Montréal, cette ville qui a toujours célébré les artistes, doit-elle crucifier un joueur pour son audace ?

Demidov n’est pas un joueur de « détails », il est un joueur d’émotion. Et réduire son jeu à un problème de delay ou de « lecture défensive » revient à nier ce qu’il est : un créateur.

Ce qui rend la sortie de Dubé si dérangeante, c’est qu’elle vient valider la peur du talent de Martin St-Louis. Le coach, déjà critiqué pour son refus de donner plus de minutes à Demidov et à Bolduc, trouve maintenant un appui public chez un ancien du métier. Un appui qui lui permet de se justifier, de dire : voyez, même les anciens entraîneurs (junior) pensent comme moi.

Mais ce qu’il oublie, c’est qu’à Montréal, le public n’achète pas ça.

Depuis le début de la saison, les amateurs voient bien que chaque fois que Demidov touche à la rondelle, il se passe quelque chose.

Qu’il provoque, qu’il déstabilise, qu’il crée du chaos dans la structure adverse. Et malgré cela, il reste confiné à douze minutes par match, privé de la première unité de supériorité numérique, exilé sur un troisième trio bricolé.

Lundi contre Buffalo, il n’a joué que 12 minutes 27.

Douze minutes 27 pour un joueur qu’on comparait à Nikita Kucherov au moment du repêchage.

Pendant ce temps, St-Louis multiplie les explications techniques : « Il doit apprendre la finition, comprendre le moment de tirer, coacher les intentions, » dit-il.

Et voilà maintenant que Dubé reprend les mêmes mots, presque mot pour mot. Comme un relais entre le vestiaire et le micro.

Ce n’est pas la première fois qu’un analyste se range du côté du coach, mais rarement l’exercice a semblé aussi mal inspiré.

Parce que Dubé, jadis, avait été l’un des premiers à défendre les jeunes joueurs brimés par des entraîneurs trop stricts.

Aujourd’hui, il fait exactement l’inverse : il justifie un système qui étouffe le talent qu’il prétend vouloir cultiver.

« C’est normal, » a-t-il même ajouté, « ça prend du temps. »

Normal ?

Non. Ce n’est pas normal qu’un joueur qui a les meilleurs mains de la formation, une vision de jeu unique, soit réduit à un rôle de figurant pendant qu’on accorde seize minutes à Josh Anderson et dix-huit à Jake Evans.

Ce n’est pas normal qu’un espoir de premier plan soit analysé comme un simple pion dans un tableau Excel de statistiques avancées.

Demidov n’est pas un projet de laboratoire. Il est un artiste.

Et Montréal, plus que toute autre ville de hockey, a besoin de ces artistes.

La dernière fois qu’on a voulu transformer un créatif en joueur de système, on a perdu Mike Ribeiro. Et Demidov est de loin supérieur à Ribeiro à l'époque. Et beaucoup plus sérieux au niveau de son entraînememt.

Le pire, c’est que Dubé semble oublier que le rôle d’un analyste, c’est aussi de contrebalancer le discours officiel.

Au lieu de remettre en question le traitement réservé à Demidov, il a choisi de parler de St-Louis comme un Dieu. Il le vante même de ne pas avoir critiqué Demidov publiquement,

« Je suis fondamentalement d’accord avec le coach, » a-t-il dit.

« Il ne veut pas l’écorcher publiquement. Il va plutôt faire des séances vidéo, avec les adjoints. »

Une phrase qui résume toute la dérive du hockey montréalais actuel : l’absence de courage des médias québécois qui se couchent devant St-Louis par peur de le contredire.

Comme si les journalistes étaient effrayés par le coach.

Le public, lui, ne s’y trompe pas.

Sur les réseaux sociaux, les réactions ont été immédiates : on accuse Dubé d'être le chien de poche de St-Louis.

Ce qui choque, ce n’est pas qu’il critique Demidov, mais la manière dont il le fait. En parlant de lui comme d’un élève en faute, d’un joueur naïf qui « n’utilise pas bien sa vitesse » et qui doit apprendre à « lancer entre les jambes du défenseur ».

On croirait entendre un professeur corriger un devoir de mathématiques.

Mais Demidov n’est pas un écolier. C’est un prodige en formation, un diamant encore brut qu’on maltraite.

Quand Danny Dubé dit qu’il est « d’accord avec Martin », il valide une dynamique qui commence à inquiéter dans le vestiaire : celle d’un entraîneur qui mesure tout, qui craint les erreurs, qui punit ses jeunes par peur de déplaire à ses vétérans.

C’est une recette dangereuse. Parce qu’à force de vouloir « coacher les intentions », on finit par tuer l’instinct.

Ivan Demidov a besoin d’espace, de confiance, et de minutes. Pas de sermons publics.

Ce n’est pas un joueur qui va se reconstruire dans la peur.

Et si Dany Dubé voulait vraiment l’aider, il aurait rappelé à St-Louis d’où il vient.

Le Martin St-Louis joueur n’aurait jamais accepté d’être réduit à des calculs de « minutes versus tirs ».

Le Martin St-Louis joueur aurait pris la défense de Demidov, parce qu’il aurait reconnu en lui ce qu’il a toujours été : un artiste sur la glace.

Mais ce Martin-là n’existe plus. Et Dany Dubé a décidé de se coucher... devant le "Dieu des journalistes"...