77 millions balayés : une nouvelle tuile s’abat sur Juraj Slafkovsky

77 millions balayés : une nouvelle tuile s’abat sur Juraj Slafkovsky

Par André Soueidan le 2025-10-13

On dit souvent qu’il faut du courage pour dire non à l’argent.

Mais il en faut encore plus pour voir quelqu’un le faire… et comprendre que ça te vise.

Logan Cooley vient de refuser une offre de 8 ans, 77 millions de dollars du Utah Mammoth.

Un contrat monstre, balayé d’un revers de main par un joueur de 21 ans convaincu qu’il vaut plus.

Et à Montréal, malgré lui, Juraj Slafkovsky devient le dommage collatéral de ce refus.

Parce qu’il y a trois ans, c’est lui, Slafkovsky, que le Canadien a préféré à Cooley.

Et aujourd’hui, leurs trajectoires ne racontent plus du tout la même histoire.

Slafkovsky a accepté la sécurité : 8 ans, 60 millions de dollars.

Cooley a choisi le pari : rien maintenant, mais tout plus tard.

Deux philosophies, deux psychologies.

Et une réalité cruelle : celui qui dit non à 77 millions ressemble plus que jamais au joueur que Montréal croyait choisir.

Au Utah, Cooley joue comme une pièce centrale.

22 minutes de glace par match, plus de 6 minutes en avantage numérique lors de son dernier duel, déjà un but, déjà la sensation d’un joueur qu’on laisse respirer.

Il est la colonne vertébrale d’un projet neuf, le centre autour duquel on bâtit.

Et quand tu regardes son jeu, son rythme, sa vision, tu comprends pourquoi le Mammoth était prêt à le payer comme une superstar.

À Montréal, Slafkovsky, lui, nage encore entre deux rôles.

Oui, il a marqué contre Détroit.

Oui, son gabarit est impressionnant.

Mais 18 minutes par match, 4 de moins que Cooley, la plupart dans un rôle d’appui à Suzuki et Caulfield.

C’est l’ouvrier du trio, celui qui ouvre la voie, qui attire les défenseurs, qui frappe.

Un rôle nécessaire, mais pas celui d’un joueur à 60 millions.

Et surtout, il y a ce malaise : en avantage numérique, il ne trouve pas sa place.

On le colle à droite comme tireur gaucher sur réception ... un rôle qu’il n’assume pas.

Sa prise de décision est lente, ses passes imprécises, ses tirs télégraphiés.

Dès que la rondelle touche sa palette, la séquence s’éteint.

Le Canadien patine, mais ne crée rien.

C’est devenu le symbole d’un avantage numérique figé, et d’un joueur mal utilisé.

Pendant ce temps, au Utah, Cooley danse.

Il attire deux défenseurs, feinte, redistribue, improvise.

Il ne joue pas pour faire de la place : il crée la place.

Et ce contraste-là, entre le joueur qu’on protège et celui qu’on libère, est en train de définir deux carrières.

Le refus de 77 millions n’est pas un caprice.

C’est un message.

Un message qui dit : je contrôle ma valeur.

Et pour Slafkovsky, c’est un rappel brutal : quand tu signes tôt, tu t’enfermes tôt.

À Montréal, on aime le comparer à power forwards : Wilson, Tkachuk, Bertuzzi.

Mais ces gars-là avaient un instinct de tueur, un flair de finisseur.

Slafkovsky, lui, cherche encore sa personnalité sur la glace.

Il veut être un fabricant de jeu, mais on lui demande d’être un bulldozer.

Et dans ce décalage, il perd l’un et l’autre.

Son contrat, pourtant, est censé être un symbole de confiance.

Mais après trois matchs cette saison, il y a un malaise qui s’installe.

Son implication est là, sa volonté aussi, mais il n’impose rien.

Et pendant que Cooley refuse un pactole, convaincu qu’il vaut plus, Slafkovsky se bat pour justifier chaque centime du sien.

Ce n’est pas une question d’argent.

C’est une question d’identité.

Au Utah, on bâtit autour de Cooley.

À Montréal, on essaie encore de comprendre ce que Slafkovsky est.

Et pendant qu’on cherche encore à définir son identité, les chiffres racontent une autre histoire.

En trois saisons, Slafkovsky cumule 112 points en 203 matchs, dont 43 buts. Des statistiques honnêtes, mais qui paraissent soudain fragiles quand on regarde ailleurs.

Logan Cooley, lui, affiche 110 points en seulement 159 parties, avec 46 buts ... pratiquement la même production… en quarante matchs de moins.

Et la prochaine vague n’annonce rien de rassurant pour le premier choix de 2022 : Lane Hutson est déjà tout près d’un point par match, risquent fort de rebattre les cartes salariales de leur génération.

S’il y a un véritable premier choix au total, en rétrospective, c’est sans aucun doute Lane Hutson qui aurait été sélectionné.

La seule consolation, c’est qu’il appartient déjà au Canadien. Une victoire de patience dans un océan de “si”.

Mais pour revenir à Logan Cooley, il faut être honnête : si le repêchage de 2022 devait se rejouer demain matin, aucune équipe ne laisserait passer Cooley avant Slafkovsky.

Son talent, sa créativité et sa constance auraient fait de lui le choix logique ... celui que la plupart des directeurs généraux regrettent aujourd’hui de ne pas avoir fait.

Et quand tu mets les deux trajectoires côte à côte, tu sens un frisson collectif dans le vestiaire du CH.

Le genre de frisson qui dit : et si, finalement, on s’était trompé ?

Mais soyons honnêtes : le Canadien avait besoin d’un profil comme celui de Slafkovsky.

D’un gars capable de tenir tête physiquement, d’ouvrir la glace pour Caulfield et Suzuki.

Le besoin était réel.

Le pari, logique.

Mais ce soir, en regardant le refus de Cooley, tu réalises que Montréal a peut-être repêché un besoin… au lieu d’un talent.

La différence est mince, mais elle change tout.

L’un construit sa valeur, l’autre la défend.

L’un rêve de contrôler son destin, l’autre tente de prouver qu’il le mérite.

Et au fond, c’est peut-être ça, la vraie tuile sur la tête de Juraj Slafkovsky : pas Cooley, ni le 77 millions.

Mais le rappel cruel que dans la LNH moderne, la patience et la confiance rapportent plus que la précipitation.

Misère...