Manque de respect envers Kent Hughes: le DG perd patience

Manque de respect envers Kent Hughes: le DG perd patience

Par David Garel le 2025-10-13

Il y avait quelque chose de brisé dans la voix de Kent Hughes.

On pouvait sentir le DG "à boutte".

Lorsqu’il s’est présenté devant les journalistes pour commenter la signature du contrat de huit ans avec Lane Hutson, on a vu un homme atteint.

Pas en crise. Pas sur la défensive. Simplement usé, tanné qu’on remette encore une fois en doute sa bonne foi.

Non... Kent Hughes ne décolère pas : accuser un DG de vol, c’est salir sa réputation.

L’un des moments les plus révélateurs de la conférence de presse est survenu lorsque Kent Hughes a été questionné à propos de la perception, propagée par certains analystes, selon laquelle il aurait “volé” Lane Hutson avec un contrat à rabais.

Hughes a marqué une pause, longuement. Puis il a répliqué, avec froideur, qu’il ne commentait pas les opinions d’analystes qui n’ont pas le contrat sous les yeux  et que toute allusion à un abus de pouvoir ou à un vol était mal informée, malhonnête ou mal intentionnée.

Son ton était mesuré, mais le visage fermé et les mâchoires serrées ne laissaient aucun doute : Hughes n’acceptait pas que l’intégrité de son travail soit mise en doute. Encore moins sur un dossier aussi délicat que celui de Lane Hutson, qu’il considère comme un joyau de l’organisation.

Il y a chez Hughes une ligne rouge qu’il refuse de voir franchie : celle qui consiste à le présenter comme un DG rusé, manipulateur, qui profiterait de la naïveté de jeunes joueurs pour alléger la masse salariale.

C’est exactement ce que certains ont insinué. Et c’est pour cela que Hughes a perdu patience. À ses yeux, ce type d’accusation ne remet pas seulement en question ses compétences, mais aussi sa bonne foi comme négociateur.

Il a répété que chaque contrat signé à Montréal est bâti sur le respect et l’honnêteté, et que son historique d’agent, à la tête de Quartexx Management, le prouve assez. Hughes a vu trop de joueurs se faire avoir à ses débuts pour tomber dans ce jeu-là maintenant qu’il est de l’autre côté de la table.

Loin de son ton doux habituel, Hughes a refusé de tomber dans le jeu de Martin McGuire, qui lui tendait la perche pour dénoncer les mensonges qui avaient circulé dans les médias sur la tension à la table des négociations.

Le DG du CH s’est contenté d’un « no comment » glacial, mais ceux qui l’ont vu, ceux qui le connaissent, ont tout de suite compris : le feu lui sortait des yeux.

Cela faisait des mois qu’on sous-entendait, dans certaines sphères médiatiques, que Hughes négociait en prédateur. Qu’il imposait des structures contractuelles biaisées. Qu’il profitait de jeunes joueurs trop naïfs ou mal conseillés.

L’idée selon laquelle il aurait « volé » Lane Hutson a été la goutte de trop. « No comment » ne voulait pas dire « je m’en fous ». Ça voulait dire : je sais exactement ce que je fais, et je n’ai pas à me justifier auprès de ceux qui ne comprennent pas la mécanique contractuelle de la LNH.

Il en avait assez d’être le bouc émissaire d’un système fiscal et contractuel pourtant exploité à merveille, et dans le respect de toutes les règles, pour le bien de son joueur et de son équipe.

Heureusement pour Hughes, une partie de la presse québécoise a pris le relais pour rétablir les faits. Dans un segment de TVA Sports, Nicolas Cloutier a levé le voile sur une partie méconnue de la négociation.

Lane Hutson a non seulement été bien traité, il a été traité comme une superstar. Dans les faits, il recevra 79% de la valeur totale de son contrat sous forme de bonis à la signature, soit 55 millions sur 70,8 M$, un montant supérieur à Kyle Connor (41 M$) et Noah Dobson (38 M$), tous deux mieux établis et, dans le cas de Dobson, protégé par l’arbitrage salarial.

Aucun agent ne peut regarder ce contrat en fronçant les sourcils. C’est une œuvre de précision chirurgicale, un bijou fiscal, et surtout un acte de bonne foi.

Ce qui rend Kent Hughes si furieux, c’est peut-être cette contradiction que trop peu de gens saisissent : oui, Lane Hutson a laissé un peu d’argent sur la table, mais non, il ne s’est pas fait avoir.

Il a obtenu exactement ce qu’il voulait : de la stabilité à long terme, un boni colossal, une fiscalité avantageuse et, surtout, un rôle de pilier au sein de l’organisation.

Dès les deux premières années, il recevra 22 M$ en bonis avant même de disputer une seule minute de la saison régulière. Il pourra investir, protéger ses avoirs et sécuriser son avenir.

Et grâce au traité canado-américain, ces bonis ne seront imposés qu’à 15% au Canada, avec un crédit d’impôt aux États-Unis. À l’arrivée, il touchera pratiquement plus que des joueurs dont les contrats sont pourtant plus élevés sur papier.

Certains ont tenté de comparer l’entente à celle de Luke Hughes au New Jersey. À première vue, c’est tentant : Luke touche 9 M$ par an, Lane 8,85 M$. Mais regardez les chiffres en profondeur. Luke Hughes a obtenu 2 M$ en bonis à la signature, contre 55 M$ pour Hutson. C’est une autre galaxie.

Pire encore : Jackson LaCombe, qui a aussi signé récemment, n’a eu aucun dollar en bonis. Zéro. Et pourtant, on n’entend personne crier à l’arnaque.

Tout cela explique pourquoi Kent Hughes est apparu aussi tendu en point de presse. Ce contrat, il l’a bâti avec le clan Hutson en y mettant du soin, de la finesse et du respect.

Le voir être démoli par la presse, sans nuance, sans regard fiscal, sans prendre en compte les bonis ou la réalité canado-américaine, c’était trop.

Il ne s’est pas contenté de rester silencieux. Il a livré un regard, un « no comment », un ton qui disait tout. Hughes est en mission, et son honneur est en jeu. C’est cette fierté-là qu’il défendait aujourd'hui, dans une salle de presse où l’injustice flottait dans l’air.

Mais restons positifs. Lane Hutson est signé jusqu'à l'âge de 30 ans... merci à Kent Hughes... et Geoff Molson...

Ce que plusieurs oublient dans ce dossier, c’est que la capacité de verser autant d’argent en bonis à la signature dépend directement de la trésorerie du propriétaire. 

Et dans ce cas-ci, Geoff Molson a donné le feu vert pour structurer l’entente comme celle d’une supervedette, même si Hutson ne compte qu'une année dans la LNH.

C’est un détail qui a aussi agacé Hughes : comment peut-on parler de “vol” quand une organisation débourse des dizaines de millions dès la première semaine du contrat ? 

Pour Hughes, cela démontre un engagement total envers le joueur, pas une tentative d’exploitation.

Le DG du CH n'acceptera plus jamais qu'on le traite de requin...