Moment de lucidité pour Kent Hughes : les distractions autour de Lane Hutson étaient réelles

Moment de lucidité pour Kent Hughes : les distractions autour de Lane Hutson étaient réelles

Par André Soueidan le 2025-10-13

Quand Kent Hughes s’est présenté devant les caméras suite à la signature de Lane Hutson à Brossard, il n’avait ni le ton triomphant d’un directeur général qui vient de régler un dossier majeur, ni celui d’un homme soulagé d’avoir clos un feuilleton.

Il avait plutôt cette franchise tranquille des dirigeants qui savent qu’ils ont frôlé la ligne.

« On voulait éliminer les distractions. On voulait le faire avant le début de la saison. On a eu trois matchs de retard, mais au moins c’est fait », a reconnu Hughes, calme, posé, mais lucide.

Cette phrase, simple en apparence, dit tout.

Oui, les rumeurs étaient vraies. Oui, le clan Hutson ... mené par un père omniprésent, un jeune joueur sensible au bruit médiatique et un entourage sursollicité ... vivait un tourbillon.

Et le directeur général du Canadien vient de l’admettre : les distractions étaient bien réelles.

Ce qu’on oublie souvent, c’est que ces distractions-là n’étaient pas que dans le vestiaire.

Elles se nourrissaient surtout de ce qu’on lisait sur les réseaux sociaux.

Depuis des semaines, tout le monde semblait savoir mieux que tout le monde ce qui se passait entre le Canadien et le clan Hutson.

Le nom du père revenait dans chaque conversation, dans chaque fil de discussion. On disait qu’il tirait les ficelles, qu’il ralentissait les négociations, qu’il voulait plus d’argent, plus d’influence.

Mais Kent Hughes a tenu à mettre les pendules à l’heure :

« Quand c’est plus dans le public, ça devient plus difficile, parce qu’il y a tellement de choses qui sortent qui ne sont pas nécessairement vraies. Des deux côtés, ça nuit aux négociations. »

Puis il a ajouté, sans détour :

« Je ne peux pas dire que tout ce qu’on a lu sur les médias sociaux était exact. »

Autrement dit, le bruit autour du père de Lane Hutson était exagéré. Oui, les discussions ont été longues. Oui, il y avait des désaccords.

Mais, selon Hughes, le clan Hutson n’a jamais été un problème ... c’est le cirque médiatique autour d’eux qui a gonflé la tension.

Pendant trois semaines, le vestiaire du Canadien a vécu avec cette tension flottante : quand Lane Hutson signera-t-il ?

Les médias en parlaient, les partisans spéculaient, les coéquipiers observaient. Et le principal intéressé, lui, tentait de jouer au hockey en traînant un poids invisible.

« Chaque fois qu’un joueur signe, il y a un sentiment de soulagement. Pas juste pour la sécurité financière, mais pour pouvoir se concentrer sur le hockey », a expliqué Hughes.

Dans le regard de Kent Hughes, on sentait qu’il parlait d’un joueur qu’il connaît bien, qu’il a suivi depuis ses années juniors.

Un jeune défenseur devenu trop important, trop rapidement, dans une ville qui transforme tout en débat.

Et si Lane Hutson avait déjà un contrat à 70,8 millions $, c’est surtout pour qu’il puisse recommencer à respirer.

Hughes ne l’a pas nommé directement, mais il n’a pas esquivé le sujet : les réseaux sociaux ont nourri la tension.

Les spéculations autour du père de Hutson, les théories sur la durée du contrat, les comparaisons avec Dobson … tout y passait.

« Aujourd’hui, tout se commente, tout s’analyse. Et ça finit par atteindre les joueurs. C’est normal. Ce sont de jeunes hommes. »

Un aveu rare, et même courageux, dans une ligue où les dirigeants feignent souvent l’indifférence.

Kent Hughes, lui, sait que la réalité du marché montréalais est différente.

Un dossier comme celui de Hutson, combiné à une série de matchs d’ouverture sur la route, devenait un fardeau.

« On veut que nos gars pensent au hockey, pas aux chiffres », a-t-il insisté.

En coulisses, une autre vérité circule ... et Hughes n’a pas cherché à la contredire.

Geoff Molson, le propriétaire du Canadien, aurait accepté d’intervenir pour faciliter la signature.

Un coup de pouce financier sous forme de bonus de 55 millions $, payable dès la signature.

« Je suis reconnaissant envers notre organisation et notre propriétaire. Quand on veut bâtir à long terme, il faut parfois être créatif », a glissé Hughes, sans entrer dans les détails.

Une phrase mesurée, mais lourde de sens.

Car à l’ère des plafonds salariaux serrés et des comparaisons contractuelles explosives, le Canadien vient de signer un vol historique.

8,85 millions par saison pour un défenseur qui a remporté le Calder et battu des records de franchise.

Au-delà du contrat, ce lundi d’Action de grâce restera comme un moment de gestion exemplaire.

Hughes a su attendre. Il a laissé la pression s’accumuler, les chiffres circuler, les médias s’agiter… puis il a frappé au moment où le clan Hutson n’en pouvait plus.

« On ne voulait pas que ça devienne une distraction pendant la saison. C’est réglé, et on passe à autre chose. »

Tout est dans cette dernière phrase : calme, autorité, clarté.

Le DG du Canadien vient d’éteindre une bombe sans jamais lever le ton.

Et pendant que tout le monde scrutait le montant annuel, il a protégé l’essentiel : la stabilité du vestiaire.

Une leçon de gestion à la montréalaise

Ce matin, en quittant la salle de presse, Kent Hughes a souri quand un journaliste lui a demandé s’il dormait mieux depuis la signature.

« Un peu, oui. Et je pense que Lane aussi. »

C’est humain. Simple. Et c’est exactement pour ça que ce moment a marqué les esprits.

Parce qu’à Montréal, les contrats ne sont jamais que des chiffres.

Ce sont des symboles d’équilibre, d’identité, de confiance.

Kent Hughes l’a compris mieux que quiconque : pour bâtir une dynastie, il faut parfois commencer par désamorcer les distractions.

AMEN