Il aurait pu tuer le match. Il aurait pu jouer simple. Il aurait pu, tout bonnement, prendre la rondelle et la garder dans le coin, faire circuler, manger les secondes, aider son club à quitter le Centre Bell avec une victoire. Mais Jonathan Marchessault a voulu briller. Il a voulu marquer. Seul. Dans un but désert.
Et c’est Lane Hutson qui l’a puni.
Hutson a bloqué la rondelle avec une lecture de jeu que même les vétérans les plus aguerris n’auraient pas anticipée. Un arrêt défensif aussi spectaculaire qu’un but. Une relance immédiate. Une passe vive. Et Cole Caufield qui nivelle la marque dans un Centre Bell en feu, pendant que Marchessault, lui, s’éloigne du jeu, figé, incapable de comprendre ce qu’il vient de faire.
Quelques minutes plus tard, la sentence est tombée. Nick Suzuki intercepte en zone centrale, et sur une remise foudroyante, Caufield marque le but vainqueur… avec 5 secondes à faire en prolongation.
La foule explose. Le Québec rugit. Et Marchessault rentre au vestiaire tête basse.
Il aurait pu être le héros. Il est devenu le symbole d’un échec monumental, d’une arrogance punie, d’un joueur qui a tout rejeté… et qui voit aujourd’hui le Québec se refermer sur lui comme une porte de prison émotionnelle.
Car rappelons-nous : Marchessault a tout fait pour fuir Montréal.
Et hier soir, c’est Montréal qui l’a refusé.
Parce que Caufield a fait ce que Marchessault n’a pas eu le courage de faire. Il a embrassé Montréal. Il a assumé la pression. Il a livré. Lui, il ne s’est pas réfugié derrière les excuses. Il n’a pas parlé d’hiver, de stress médiatique, de bien-être familial en méprisant les fans du CH. Il a signé. Il a performé. Il a gagné.
Et Jonathan Marchessault, qui avait publiquement refusé un contrat de deux ans offert par Kent Hughes à l'été 2024, en réclamant plus d’années, plus de sécurité, plus de confort, a vu le Centre Bell exploser comme un spectateur perdant.
« Jouer à Montréal, c’est comme jouer avec un poids sur les épaules à chaque présence. T’as une mauvaise semaine et on parle déjà de t’échanger. »
Il aurait dû se dire que Montréal est la meilleure place au monde... quand tu gagnes...
« À Montréal, t’as huit caméras dans la face quand tu marques deux buts, mais t’en as vingt quand tu passes cinq matchs sans marquer. »
Des paroles... de perdant...
« J’ai pensé à Montréal. Mais pour ma famille, ce n’était pas la bonne décision. Mes enfants ont besoin de stabilité. »
Ses enfants auraient vécu un véritables rêve en voyant leur père en bleu-blanc-rouge.
« Les gens pensent que j’ai utilisé le Canadien pour faire monter ma valeur. Ce n’est pas ça. Je respecte trop l’organisation pour ça. »
Tout le monde sait qu'il a utilisé le CH pour aller chercher son contrat de 5 ans et 27,5 millions de dollars.
« À Nashville, mes enfants peuvent aller à l’école sans que quelqu’un leur parle de mes performances. À Montréal, ça n’aurait pas été le cas. »
Ce matin, ses enfants auraient été les héros de l'école.
« Je sais que je vais me faire huer à Montréal. Ce n’est pas grave. Ce sont des fans passionnés. Je respecte ça. »
Des fans... qui rêvent à la Coupe Stanley...
« Je suis fier de venir du Québec. Mais ça ne veut pas dire que je dois jouer à Montréal pour le prouver. »
Tu aurais prouvé... que tu avais encore la mentalité d'un gagnant... et non d'un banquier...
C’est lui qui a voulu la paix de Nashville. C’est lui qui a voulu éviter la chaleur des projecteurs québécois. C’est lui qui a dit non à Montréal. Il croyait se sauver d'un cauchemar de pression. Il n’a fait que s’exclure d’une épopée historique.
Le match contre le Canadien ne devait être qu’un arrêt banal dans son calendrier. Il est devenu un rappel cruel de tout ce qu’il a perdu.
La scène du Centre Bell ne lui appartenait plus. Les projecteurs n’étaient plus braqués sur lui. Et dans l’enchaînement surréaliste du but égalisateur d’Hutson, puis de la passe de Suzuki vers Caufield pour le but vainqueur en prolongation, Marchessault n’était plus qu’un joueur de passage. Un Québécois de trop.
Car au fond, ce qui blesse, c'est le "reality check". Celle qui frappe quand on réalise qu’on a misé sur le mauvais cheval. Qu’on a rejeté les siens, qu’on a fermé la porte à l’histoire, pour une paix illusoire dans un marché sans passion.
« Je ne voulais pas que mes enfants vivent ça. À l’école, ils se font achaler si je joue mal. C’est trop. »
« L’hiver là-bas, c’est long. Et les gens veulent que t’en fasses toujours plus. »
« Je retourne au Québec l’été. Une fois, peut-être deux. C’est bien assez. »
« Je ne me voyais pas vivre ça à l’année. »
Et maintenant? Maintenant qu’il est perdu dans un club qui patine sans direction, il regarde Montréal comme un ex qu’on a trahi. Trop tard.
Hier soir, le karma est venu le frapper de plein fouet. Il aurait pu jouer simple. Il aurait pu gagner. Il a voulu faire le spectacle. Il a voulu un « highlight reel ». Ce qu’il a eu, c’est une leçon d’humilité en direct à RDS, devant toute la province.
Et pendant que le Centre Bell chantait le nom de Cole Caufield comme celui d’un dieu, Jonathan Marchessault devenait invisible, effacé par sa propre décision. Il avait refusé Montréal. Maintenant, c’est Montréal qui le refuse.
Ainsi va la vie.