C’était censé être un nouveau départ. Une renaissance. Un retour à la maison pour enfin se sentir respecté, vu, entendu. Quand Michael Pezzetta a signé avec les Maple Leafs de Toronto, plusieurs ont souri en coin.
D’autres ont ri aux larmes. Mais lui y croyait dur comme fer. Il pensait que la "niche" de Montréal où il était enfermé allait faire place à une vraie chance, à du vrai temps de jeu, à une reconnaissance longtemps refusée par Martin St-Louis.
Mais tout ça vient de s’effondrer. Brutalement. Définitivement.
Dakota Joshua.
Deux mots. Un nom. Une signature. Et c’est toute la trajectoire de Michael Pezzetta qui s’écrase au sol comme un casque fracassé sur la glace.
L’attaquant de puissance, l’ancien des Canucks, l’un des joueurs les plus appréciés de Vancouver, débarque à Toronto avec un contrat de quatre ans et 13 millions de dollars.
Solide, efficace, courageux, plus grand, plus fort, plus rapide. Il incarne exactement ce que Pezzetta aurait voulu être. Il occupe le poste que Pezzetta espérait gagner. Il efface Pezzetta le "poids plume" de l’alignement d’un coup.
C’est violent. C’est humiliant. C’est un message brutal de Brad Treliving à Pezzetta : tu n’étais qu’un bouche-trou. Un coup de relations publiques. Une distraction estivale.
Mais maintenant que les vraies choses sérieuses commencent, on passe à quelqu’un d’autre. Un vrai joueur. Un joueur qui n’a pas besoin de se battre pour exister. Un joueur qui n’a pas zéro point en 25 matchs.
Car oui, Michael Pezzetta n’a inscrit aucun point l’an dernier avec le Canadien. Zéro. Nada. Il a joué 25 matchs fantomatiques dans lesquels il passait deux minutes sur la glace et 58 dans les estrades, à regarder les autres vivre le rêve auquel il croyait encore appartenir. Et malgré cela, malgré tout, il continuait d’y croire.
Jusqu’à ce que Joshua arrive.
Dakota Joshua, c’est l’anti-Pezzetta. Pas un bagarreur au bout du rouleau. Pas un gars qui traîne sa réputation comme un fardeau. Joshua, c’est un survivant.
Un joueur qui a combattu un cancer testiculaire. Un homme qui a traversé l’enfer personnel pour revenir au sommet de son art. Et surtout, un joueur qui a produit. 18 buts. 32 points en 2023-2024. (7 buts et 14 points en 57 matchs la saison dernière).
Et maintenant, il joue pour Toronto. Dans la même chaise que convoitait Michael Pezzetta. Avec le même profil physique, mais une explosion statistique en plus. Un jeu défensif structuré. Une vraie présence sur la glace. Et soudain, Pezzetta devient invisible. Disparu. Rayé.
Il faut bien comprendre la cruauté de la situation. Pezzetta croyait fuir l’indifférence montréalaise pour se réinventer à Toronto.
Il croyait que les Maple Leafs allaient lui offrir une chance honnête, une minute ici, une mise en échec là, un combat opportun. Il croyait que la culture torontoise allait mieux lui convenir que la froideur de Martin St-Louis. Mais c’est encore pire.
Car à Montréal, au moins, il y avait une forme d’attachement du public. Une affection. Une identité. Un respect pour ses sacrifices.
À Toronto, il devient une mauvaise blague. Un plombier parmi d’autres. Un joueur surpayé pour deux minutes par match, maintenant inutile.
Et pendant que les médias torontois se déchaînent, que les fans ridiculisent sa signature, que la place publique le juge inutile, une famille souffre.
Une famille regarde le rêve de leur fils, leur frère, s’effondrer sous leurs yeux. Eux qui l’ont vu souffrir à Montréal. Eux qui l’ont vu encaisser les coups de poing au menton. Eux qui savent ce que son corps endure. Ses migraines. Ses pertes de mémoire. Ses silences. Ses absences.
Les Pezzetta ont tout donné pour le hockey. Ils ont accepté les risques, les blessures, les commotions. Mais ce qu’ils ne peuvent tolérer, c’est l’humiliation. Et c’est exactement ce qui se passe aujourd’hui. Leur fils est un bouc émissaire. Un fantôme. Un pion sacrifié.
Toronto n’a jamais été tendre avec ses joueurs marginaux. Le plan de Brad Treliving est clair : récupérer les morceaux que personne ne veut, les tester quelques matchs, les jeter quand la vraie saison commence.
Le plan des Leafs, c’est un patchwork de vétérans sur le déclin, de joueurs brisés, de contrats de pauvres. Michael Pezzetta... et maintenant Dakota Joshua : des noms jetés sur un tableau, dans l’espoir qu’un miracle se produise.
Mais les miracles n’arrivent pas dans les clubs sans plan. Et Michael Pezzetta n’est pas un miracle. Il est un soldat. Il aurait eu besoin d’un général qui croit en lui. Il a eu un directeur général qui le jette comme une serviette sale après le gym.
Et maintenant, quoi?
Pezzetta a signé pour deux ans. À 787 500 $ par saison. Un contrat payant, mais aussi dangereux pour un joueur qui met sa santé mentale et physique en danger à chaque présence. Il croyait obtenir la stabilité. Il récolte le mépris.
Dakota Joshua, lui, entre dans le vestiaire comme un sauveur.
Et Pezzetta, que dit-il? Rien. Il encaisse. Encore. Comme toujours. Il baisse la tête. Il va continuer de sourire. Il va se dire que ce n’est pas grave. Que c’est la vie. Mais au fond, il le sait : c’est la fin.
Il ne jouera pas à Toronto. Il n’aura pas sa place dans l’alignement. Il ne pourra pas se battre pour prouver sa valeur. Car même ça, Joshua peut le faire. Mieux que lui. Plus fort. Plus jeune. Plus respecté.
Michael Pezzetta n’est pas juste un joueur en danger. C’est un homme qui se rapproche lentement de la fin, et qui le sait. Ses combats, ses blessures, ses efforts… pour quoi?
Pour se faire doubler par un autre, encore une fois? Pour passer une autre saison à regarder les matchs en complet-cravate dans les hauteurs de l’aréna?
Il méritait mieux.
Pas une statue, non. Mais un peu de dignité. Un peu de reconnaissance. Un coach qui lui dise la vérité. Une organisation qui le protège. Un contrat honnête. Une minute de glace qui ait un sens.
Au lieu de ça, il a eu Montréal. L’oubli. Les commotions. L’humiliation. Et maintenant Toronto. Le mirage. La trahison. L’oubli, encore une fois.
Michael Pezzetta ne le dira pas, mais il est brisé. Brisé par un système qui récompense les chiffres, pas le cœur. Par une ligue qui prétend protéger ses joueurs, mais qui laisse les Pezzetta se faire détruire à coups de poing pour une poignée de dollars.
Par des entraîneurs qui parlent de mérite, mais qui choisissent toujours quelqu’un d’autre.
Et maintenant, même à Toronto, il n’aura pas sa chance. Dakota Joshua est là. Le message est clair. Le rêve est fini.
Et la question reste : combien d’autres Pezzetta devront se sacrifier avant qu’on ouvre enfin les yeux?