Moment difficile pour la famille Xhekaj: Arber et Florian dans l'eau chaude

Moment difficile pour la famille Xhekaj: Arber et Florian dans l'eau chaude

Par Marc-André Dubois le 2025-07-13

C'était supposé être une belle histoire. Une réunion de famille, une dynastie de goons sous les projecteurs du Centre Bell.

Arber et Florian Xhekaj, deux frères unis par le sang et l’ambition, avaient fait naître chez les partisans un espoir  de voir deux frères imposer leur loi dans l’uniforme bleu-blanc-rouge. Mais à l’été 2025, cette rêve vire lentement au malaise.

Car aujourd’hui, ni Arber ni Florian n’ont leur place assurée à Montréal. Pire encore : dans plusieurs formations projetées publiées par The Athletic et DailyFaceoff, Arber Xhekaj ne figure même pas sur l’alignement partant. Quant à Florian, sa route vers la LNH est maintenant bloquée par l’arrivée d’un joueur inattendu : Samuel Blais.

Blais, 29 ans, champion de la Coupe Stanley, a accepté un contrat à sens unique à 775 000 $, une entente qui assure sa présence dans l’organisation, que ce soit à Laval ou à Montréal. Il n’est pas là pour faire joli. Il est là parce qu’il a prouvé qu’il pouvait encadrer, défendre, répliquer. Exactement le rôle qu’on croyait appartenir à Florian.

Florian Xhekaj, lui, a vu le train passer. Il a eu trois matchs pour convaincre, lors du rappel de la fin de saison. Trois matchs pour démontrer qu’il pouvait être un « game changer » dans une ambiance de séries.

Et il n’a rien montré. Rien. Son nom était là, mais pas sa présence. Il a raté une audition capitale. Et dans une Ligue où tout est évalué, où les décisions se prennent à partir de micro-détails, c’est suffisant pour être écarté.

Du côté d’Arber Xhekaj, la situation n’est guère plus brillante. Après avoir été placé dans les estrades pendant deux matchs de séries contre Washington, il est aujourd’hui un nom que l’on associe à chaque rumeur de transaction. à

Le Canadien tente depuis des semaines d’acquérir un défenseur plus expérimenté comme Nicolas Hague. Et si cette transaction avait eu lieu, Arber aurait été l’homme sacrifié.

Ce qui ajoute au malaise, c’est que le clan Xhekaj le sait. Florian, Arber, leur entourage : tout le monde est au courant que Kent Hughes était prêt à bouger, prêt à tirer un trait sur l’histoire familiale pour le bien de l’équipe.

Pour les frères Xhekaj, c’est un sentiment de trahison. Comme si leur propre famille de hockey les avait reniés. Comme si on leur avait donné une vitrine, avant de leur briser les rêves en coulisses.

La suite? Elle est incertaine. Mais une chose est claire : les Xhekaj ne sont plus intouchables. Ni dans les plans à court terme, ni dans les discussions de fond.

Le conte de fées aura viré au constat brutal : dans la LNH, le sang ne garantit rien. Seuls les résultats parlent. Et pour l’instant, ceux des frères Xhekaj ne suffisent plus.

Depuis maintenant plusieurs mois, les liens entre Arber Xhekaj et l’entraîneur-chef Martin St-Louis se sont éloignés.

Ce n’est plus un secret dans l’entourage du Tricolore : les deux hommes ne se parlent presque plus. Et quand ils le font, c’est strictement professionnel. Polaire. Glacial.

Tout a commencé en janvier dernier, lors d’un voyage à Columbus. Arber, qui venait de passer trois matchs consécutifs au banc, aurait approché Martin St-Louis dans le vestiaire pour demander des explications.

La réponse de l’entraîneur? Un simple regard, et une phrase courte : « Tu dois comprendre le moment. »

Un moment. Une formule qui, chez Xhekaj, a été interprétée comme une forme de mépris. Comme si sa présence n’était plus qu’indésirable, un pion à sacrifier sur l’échiquier. Et depuis ce jour, il ne s’est jamais senti réintégré à 100 % dans le noyau.

L’épisode du burger est venu cimenter la fracture.

On se rappelle de la séquence virale en février, alors qu’un journaliste avait demandé à St-Louis ce qu’il pensait de la fameuse anecdote où Arber, après une mise en échec spectaculaire, avait célébré dans le vestiaire avec un cheeseburger à la main.

St-Louis avait esquissé un sourire, mais sa réponse avait surpris : 

« Moi, je préfère les gars qui restent humbles. »

Le message était clair comme de l'eau de roche.  Depuis cet instant, tout s’est figé.

Puis il y a eu cette fameuse déclaration en point de presse où Arber, questionné sur son surnom de « shérif », avait rétorqué : 

« Personne ne m’a jamais appelé comme ça dans la chambre. » 

Un mensonge évident, contredit par des dizaines de témoignages internes. Et pour plusieurs dans l’organisation, c’était la preuve qu’Arber tentait maintenant de se défaire d’une identité qui, au fond, l’avait défini.

Comme si lui-même avait honte de son rôle. Comme s’il rejetait le personnage qu’on avait voulu faire de lui.

Martin St-Louis, lui, n’aime pas les demi-vérités. Il prône la clarté, l’authenticité. Et à partir de là, selon certains, il aurait décidé de tourner la page intérieurement. Même si publiquement, rien ne transparaissait.

C’est d’ailleurs ce que plusieurs ont remarqué en séries : malgré l’intensité des matchs, malgré les blessés, malgré les appels du public pour un peu de robustesse, Xhekaj est resté sur le banc. Deux matchs. Deux silences. Deux humiliations.

Et pour l’état-major, ça a parlé plus fort que tous les discours.

Le plus dur à avaler pour Arber? C’est que cette mise à l’écart ne venait pas d’un entraîneur distant ou insensible. Elle venait de celui qui, autrefois, avait cru en lui plus que quiconque. De celui qui avait fait de lui un projet personnel. Martin St-Louis l’avait pris sous son aile, lui avait parlé d’humilité, de fierté, d’équilibre émotionnel.

Et aujourd’hui, il lui a tourné le dos.

Arber Xhekaj a été trahi. Pas seulement par un entraîneur. Mais par un mentor. Un modèle. Par l’institution même qui, un jour, l’avait élevé au rang de symbole populaire. La barre de « drinkage », comme on l’appelait en plaisantant au début de la saison, n’existe plus. Elle a été démolie.

La confiance est brisée.

Et pendant ce temps, Kent Hughes continue à magasiner. Il continue à prendre les appels. Il continue à faire savoir, subtilement mais fermement, que le nom d’Arber est disponible. Pas offert. Mais disponible.

Ce qui, dans le langage de la LNH, est peut-être encore plus cruel.