C’est une information qui jette un éclairage totalement nouveau sur les discussions entre le Canadien de Montréal et les Blues de Saint-Louis : selon l’ancien recruteur du CH Grant McCagg, les Blues auraient d’abord proposé Jordan Kyrou en retour de Logan Mailloux… et Kent Hughes a dit non.
Oui, vous avez bien lu. Montréal aurait refusé d’acquérir Kyrou dans une transaction un pour un contre Mailloux. Le directeur général du Canadien a plutôt exigé Zachary Bolduc, parce que le jeune attaquant québécois encore sous contrat d’entrée, pour combler un besoin bien précis : ajouter un joueur en développement, qui grandira avec le noyau composé de Suzuki, Slafkovsky, Hutson, Dobson, Demidov et cie.
C’est une information qui change tout. Parce qu’en ce moment, les négociations pour Kyrou piétinent. Mais comment donner beaucoup pour un joueur qu’on a refusé il y a quelques semaines à peine dans une transaction un pour un?
Et surtout : que vaut Jordan Kyrou aujourd’hui, aux yeux du CH?
La révélation de Grant McCagg dans le podcast Recrutes Draftcast, coanimé avec Rick Springhetti, est d’autant plus percutante qu’elle inverse la logique dominante. On pensait que le CH s’était tourné vers Bolduc après avoir échoué avec Kyrou. En réalité, le Canadien voulait Bolduc dès le départ.
Ce refus de Kyrou en dit long sur la philosophie de Kent Hughes. Il ne veut pas seulement remplir un trou offensif à court terme. Il veut bâtir une structure durable. Il veut des joueurs de 21-23 ans, pas des patineurs de 27 ans déjà dans la phase descendante de leur contrat.
Et Jordan Kyrou, aussi explosif soit-il, arrive avec un bagage lourd : une entente de 8 ans à 8,125 M$, signée en pleine euphorie offensive il y a trois ans… mais de plus en plus vue comme un fardeau.
Jordan Kyrou n’est pas un mauvais joueur. Il a inscrit 70 points ou plus trois fois de suite. Mais il n’a jamais atteint le cap des 80 points, et surtout, il est désastreux défensivement. Le nom qui revient souvent dans les comparaisons? Patrick Laine.
Même âge. Même irrégularité. Même incapacité à devenir un leader offensif complet. Et un contrat presque identique.
Le CH en a déjà un, de Patrick Laine. En vouloir un deuxième? Vraiment?
Ce sont ces réflexions qui auraient poussé Kent Hughes à rejeter poliment mais fermement la proposition des Blues.
Et à fixer son regard sur Zachary Bolduc, joueur québécois intense, droitier, avec une attitude et un style de jeu qui collent mieux à la vision de Martin St-Louis.
Zachary Bolduc n’a que 22 ans. Il coûte moins de 900 000 $ par saison. Il a marqué 13 buts à ses 24 derniers matchs. Il frappe, il patine, il peut jouer à l’aile ou au centre. Et surtout, il est loin d'avoir atteint son plafond.
Pour Kent Hughes, c’est exactement le type de joueur qui peut s’intégrer à la prochaine vraie fenêtre du CH, celle de 2026 à 2030. Pas besoin de l’adapter au système, ni de réinventer son jeu : il est encore en formation.
Et il est québécois. Dans le contexte actuel, avec l’arrivée de Demidov, Blais et Dobson, Hughes veut renforcer la base identitaire du vestiaire. Bolduc est un pari local, mais stratégique.
Ce qui est fascinant, c’est que pendant que les fans débattent de l’intérêt du CH pour Jordan Kyrou, personne n’osait dire que le joueur avait déjà été offert à bas prix.
Or, le fait que Montréal ait dit non à Kyrou réduit considérablement sa valeur perçue dans les négociations actuelles.
En ce moment, personne n’a besoin de le dire à voix haute : tout le monde le sait. Les Blues de Saint-Louis continuent de discuter avec le Canadien au sujet de Jordan Kyrou, mais ils demandent Michael Hage ou David Reinbacher.
Et ça, c’est un énorme problème. Parce que dans la hiérarchie interne du CH, ces deux espoirs sont bien au-dessus de Logan Mailloux, qui a pourtant déjà été cédé dans une tentative d’acquérir un joueur top 6.
Alors pourquoi, maintenant, sacrifierait-on un espoir encore plus précieux que Mailloux pour le même joueur que le CH a déjà refusé d’obtenir dans un échange direct Mailloux-Kyrou?
Ça ne tient tout simplement pas debout. Michael Hage, c’est le centre du futur à Montréal, le joueur autour duquel on veut construire un deuxième trio stable, complet, responsable.
Reinbacher, c’est le futur leader défensif à droite. Ce sont des joueurs qui coûtent presque rien sur le cap salarial, qui peuvent jouer 15 ans à Montréal, et qui n’ont pas encore livré leur plein potentiel.
Kyrou, lui, est déjà payé plus de 8 millions, et plafonne autour de 70 points. Il ne joue pas au centre, il n’aide pas la défensive, il ne change pas le destin d’une équipe à lui seul.
Le fait que Saint-Louis ose demander Hage ou Reinbacher est un aveu de faiblesse : ils savent que leur joueur est difficile à échanger, mais ils testent la naïveté du Canadien.
Heureusement, Kent Hughes ne mord pas à l’hameçon. Il sait que ces demandes sont irréalistes. Et il sait que Kyrou ne vaut pas le prix d’un avenir.
C’est là tout le malaise : le Canadien ne croit pas en Kyrou autant que les médias l’imaginent. Il l’apprécie, peut-être. Mais il n’en fait pas une priorité.
Ce refus change aussi la donne du côté des Blues de Saint-Louis. Si l’on se fie au ton d’Armstrong dans ses dernières interventions médiatiques, le DG des Blues semble réaliser qu’il aurait peut-être pu garder Bolduc.
« Il va jouer dans la LNH cette année. C’est certain. Il est prêt. » continue d'affirmer Armstron à propos de Mailloux.
Le ton est sec, convaincu, presque défensif. Armstrong parle comme un homme qui a besoin de justifier un échange qu’il commence à regretter. Parce qu’en donnant Bolduc pour Mailloux, il a peut-être choisi le mauvais jeune. Parce qu’il a peut-être sous-estimé la lecture de Kent Hughes.
Et surtout parce qu’il n’a pas pu se débarrasser de Kyrou, malgré tous ses efforts.
Kyrou, toujours sur le marché… mais à quel prix?
Aujourd’hui, Kyrou est toujours un Blues. Il veut bien lever sa clause de non-échange pour venir à Montréal. Mais la vérité, c’est que le CH n’est pas pressé. Il sait que les Blues veulent le sortir. Il sait que peu d’équipes ont l’espace pour avaler 8,125 M$.
Et surtout, il sait qu’il a déjà dit non à Kyrou. Ce qui veut dire que pour conclure un échange, il faudra que l’offre de Saint-Louis baisse encore.
Un deal humiliant pour Armstrong. Mais Kent Hughes n’a aucun intérêt à céder plus qu’il ne voulait offrir il y a quelques semaines.
Quand l’histoire s’écrira, on se rappellera que le CH a préféré Zachary Bolduc à Jordan Kyrou. Que malgré les critiques sur l’échange de Mailloux, qui affirment qu'il ne faut jamais échanger un défenseur talentueux pour un attaquant, Hughes savait ce qu’il faisait. Il a choisi la jeunesse, la courbe ascendante, l’attitude.
Il a aussi protégé son plafond salarial, ses actifs d’avenir, et son image de DG prudent mais visionnaire.
Et aujourd’hui, alors que Kyrou continue de flotter sur le marché comme une belle Ferrari trop chère avec un moteur usé, Bolduc patine à Brossard, sourire aux lèvres, déterminé à prouver qu’il est l’avenir du CH.
Le verdict viendra bientôt. Mais une chose est claire : si l’échange Mailloux-Bolduc a pu avoir lieu, c’est parce que Kent Hughes, dès le départ, ne voulait rien savoir de Jordan Kyrou.