Dany Dubé a été droit au but dans aucune pitié.
Au lendemain du match d’ouverture du Canadien face aux Blackhawks, l'analyste de Cogeco a lancé une critique frontale contre Juraj Slafkovský, tout en encensant le jeune Ivan Demidov, qui, selon lui, a démontré tout ce qu’un joueur offensif doit montrer pour justifier sa place dans la LNH.
Le ton, posé mais tranchant, traduisait une déception profonde envers le premier choix de 2022, incapable une fois de plus de peser sur le jeu. Dubé, lui, n’a pas tourné autour du pot : Slafkovský ne fait pas le travail.
« Moi, ce soir, j’ai pas aimé Slafkovský, son jeu en général. Je l’ai vu une fois faire une mise en échec pour aller chercher une rondelle, ça a provoqué une chance de marquer tout de suite. Je l’ai vu souvent en périphérie, avec le bâton. Que ce soit en avantage numérique, ça va, mais dans toutes sortes de situations, de ne pas aller au filet, tout comme Kirby Dach. Il faut que le Canadien soit plus linéaire dans son attaque. »
Cette phrase a claqué comme une gifle dans un marché déjà impatient. Car derrière les mots de Dubé, il y a un constat plus large : Slafkovský joue comme s’il craignait le contact.
Il se tient loin du trafic, il attend la rondelle au lieu d’aller la chercher, il évite les zones dangereuses. Et quand un analyste de la trempe de Dany Dubé le pointe du doigt dès le premier match de la saison, c’est tout un signal envoyé à Martin St-Louis.
Si Dany Dubé a autant insisté sur Slafkovský, c’est parce que la différence avec Ivan Demidov saute aux yeux.
Le jeune Russe, après un camp d’entraînement où il a été “cassé” par Martin St-Louis, a enfin montré les signes qu’on attendait : de la fougue, de la vitesse, de la hargne.
« Quand on parlait de fougue et de détermination et de deuxième effort, j’ai trouvé que lui, Demidov, a eu beaucoup de séquences où on le voyait, il ressortait ce soir. Il a eu du temps de jeu en avantage numérique, il a touché à la rondelle plus souvent. C’est une règle d’or : les joueurs offensifs doivent toucher à la rondelle. »
Pour Dubé, tout part de là. Le joueur offensif doit vivre avec la rondelle, la sentir, la provoquer. Et Demidov, selon lui, a enfin franchi ce cap. Après un premier match timide, il a retrouvé ce qu’il faisait de mieux : créer du jeu.
« Ce soir, il a touché à la rondelle, il avait du tempo, il était plus sur la rondelle. On l’a vu plus régulièrement près du jeu parce qu’il était plus affamé. Ça va avec la confiance. Tu touches à la rondelle plus souvent, tu as du rythme dans ton jeu à ce moment-là. »
La différence Demidov-Slafkovsky illustre parfaitement l’état d’esprit du Canadien : d’un côté, un Russe de 19 ans prêt à se battre pour chaque présence; de l’autre, un Slovaque de 21 ans qui semble toujours attendre que le jeu vienne à lui.
Ce n’est pas la première fois que Juraj Slafkovský est visé par des critiques sur son intensité. Depuis son arrivée, on lui reproche de ne pas attaquer le filet, de flotter en périphérie et de jouer comme un ailier qui se protège.
Mais cette fois, la critique ne vient pas de n'importe qui : elle vient d’un observateur respecté, d'un ancien coach précis, analytique, qui a toujours défendu le développement des jeunes joueurs.
Et Dany Dubé n’a pas critiqué la technique, il a critiqué l’intention.
Dans son analyse, tout repose sur le concept d’effort et de présence physique : “le nombre de retours, le manque de présence au filet, la lecture de jeu défaillante”.
Pour Dubé, Slafkovský ne fait pas assez pour provoquer ses chances. Il ne s’impose pas dans les zones où les buts se marquent, il ne dérange personne, il n’oblige pas les défenseurs à réagir.
Pendant ce temps, Ivan Demidov, plus petit, plus frêle, ose aller au cœur du jeu. Il provoque, il feinte, il garde la rondelle plus longtemps.
Et à Montréal, cette différence de mentalité ne passe pas inaperçue.
Ce que Dubé a dit rejoint en partie la logique de Martin St-Louis.
Le coach du Canadien martèle depuis le début du camp qu’il veut voir des “deuxièmes efforts”, du “sacrifice”, de la “présence dans le trafic”.
Sauf que la différence, c’est que St-Louis protège encore Slafkovský, alors qu’il exige l’impossible de Demidov.
Et Dubé, sans le dire directement, a remis cette logique en question : comment un joueur qui ne va jamais au filet ou qui n'a pas un grand "Hockey IQ" peut-il demeurer indiscutable sur la première unité d’avantage numérique et sur le premier ttio, pendant qu’un autre, plus actif, doit se battre pour ses minutes ?
Des miettes en avantage numérique, du temps de jeu avec Alex Newhook (le joueur le moins intelligent de l'équipe) et Oliver Kapanen... une véritable honte...
Personne ne comprend pourquoi il ne joue pas avec Zachary Bolduc si St-Louis si le premier trio du CH est figé.
Cette incohérence commence à déranger. D’autant plus que Dubé n’est pas un polémiste : il parle de hockey pur. Quand il évoque les “retours”, les “prises de décisions” et “l’exécution”, c’est un diagnostic professionnel. Et son verdict est sans appel : le Canadien a surutilisé des joueurs qui n’ont pas livré.
« Ce n’était pas un grand match du Canadien. Les Blackhawks ont été très déterminés. Ils ont joué comme une jeune équipe, beaucoup d’erreurs, mais avec du cœur. Et le Canadien, lui, a manqué de présence devant le filet. C’est ça qui a fait la différence. »
Cette phrase en dit long.
Elle dit que le CH, pourtant mieux structuré, s’est fait battre sur l’énergie, sur la faim. Et dans ce contexte, c’est impardonnable que des joueurs comme Slafkovský ne donnent pas l’exemple.
Parce que dans la LNH moderne, le talent ne suffit pas. Il faut du rythme, du volume, de la présence. Et si Demidov a compris ça dès son deuxième match, Slafkovský, lui, semble encore croire qu’il a tout le temps du monde.
L’opinion publique commence à basculer.
Le jeune Slovaque, présenté comme le visage du futur il y a deux ans, voit maintenant une partie du Québec se détourner de lui.
À l’inverse, Ivan Demidov devient le symbole de la relève qu’on veut encourager : fougue, engagement, créativité.
Sur les réseaux sociaux, les propos de Dany Dubé circulent massivement.
Des séquences comparant les présences des deux joueurs tournent en boucle. D’un côté, Slafkovský qui contourne la zone offensive sans couper au filet. De l’autre, Demidov qui fonce, tente une feinte, provoque un tir.
Danu Dubé a choisi son camp. le public a choisi son camp.
Martin St-Louis n’a plus le luxe de ménager les sensibilités.
S’il veut que cette équipe avance, il devra rapidement établir une hiérarchie basée sur l’effort, pas sur les espoirs repêchés haut.
Et après les propos de Dubé, il devient de plus en plus difficile de justifier la patience envers Slafkovský pendant qu’un joueur comme Demidov, pourtant plus jeune, montre davantage de volonté.
Ce qui s’est dit hier soir à la radio n’est pas anodin : c’est un avertissement.
Dany Dubé a mis des mots sur ce que plusieurs observateurs pensent déjà tout bas : le Canadien ne peut pas continuer à récompenser la complaisance. Si St-Louis ne nous ment pas sur son concept de méritocratie, alors qu'il le prouve.
Hier soir, Dany Dubé n’a pas simplement critiqué un joueur. Il a allumé un feu sous tout un projet.
Son analyse met en lumière ce que plusieurs commencent à craindre : Juraj Slafkovský n’a pas encore compris ce qu’on attend d’un joueur de franchise à Montréal. Et Ivan Demidov vient de lui voler la faveur du public.
Dans un marché où la patience fond plus vite que la neige en avril, il ne faudra pas longtemps avant que la grogne devienne insoutenable.
Parce que Montréal ne pardonne pas les talents passifs. Et tant que Slafkovský n’ira pas là où ça fait mal, le seul nom que le public retiendra, c’est celui qu’on acclame déjà : Ivan Demidov.