Il y a des phrases qui sonnent comme des menaces voilées, et d’autres qui claquent comme une gifle en pleine figure.
Celles que Kent Hughes a lancées à Patrik Laine résonnent encore comme un ultimatum déguisé.
Dans une entrevue accordée à Eric Engels de Sportsnet, le directeur général du Canadien n’a pas seulement donné son avis : il a servi à Laine un mode d’emploi pour sauver sa carrière à Montréal.
Un message clair, direct, sans filtre, qui résonne aujourd’hui comme le point de départ d’une saison charnière.
« Patrik est un joueur incroyablement doué et talentueux. On l’a tous vu. Dans mes discussions avec lui à la fin de la saison, je lui ai dit : “Réfléchissons aux aspects de ton jeu que tu dois améliorer pour pouvoir jouer de façon plus constante. Je pense que, dans ton cas, les réponses sont évidentes. Ne les attends pas jusqu’en octobre (pour faire les ajustements nécessaires), quand tu es en pleine partie et que tu dois compter sur ton instinct. Commence maintenant, pendant l’entraînement estival, dans le développement. Chaque fois que tu mets les patins, concentre-toi là-dessus.” »
Bam. Voilà. Pas d’ambiguïté.
Hughes reconnaît le génie offensif du Finlandais, mais il lui rappelle aussi que ce talent brut ne suffit plus.
À Montréal, il ne suffit pas d’avoir un tir canon du cercle gauche ou de compter 30 buts quand tout va bien.
Il faut compétitionner, aller dans les coins, bloquer des lancers, déranger l’adversaire, et surtout… faire semblant que tu t’intéresses à ce qui se passe dans ta zone défensive.
Autrement dit : Laine doit enfin devenir un joueur complet. Sinon, il risque de voir son rôle se réduire à un simple figurant sur la deuxième vague du powerplay.
Et à Montréal, quand tu n’es plus sur la première vague, tu n’es plus une vedette. Tu disparais.
L’ironie, c’est que Laine a déjà connu des sommets.
Trois saisons consécutives de 30 buts en début de carrière, un statut de franc-tireur redouté dans toute la ligue, et une aura de superstar venue d’Helsinki.
Mais depuis, la pente est glissante. Blessures, manque de constance, effort contesté. À Columbus, on l’accusait déjà de flotter.
À Winnipeg, il s’était mis à dos une partie du vestiaire.
Et aujourd’hui, à Montréal, il est arrivé avec un bagage de doutes.
Ses 20 buts en 52 matchs la saison dernière semblent corrects sur papier.
Mais quand tu apprends que le Canadien a été dominé 26-17 à forces égales quand il était sur la glace… tu comprends pourquoi Hughes a tapé du poing sur la table.
La vérité, c’est que Laine n’a jamais vraiment eu besoin de se battre pour ses minutes.
Son tir et sa réputation suffisaient. Mais Hughes a choisi ce moment, à deux semaines du camp, pour mettre fin à cette complaisance.
Le DG a carrément dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas : Patrik Laine est à un carrefour. Soit il s’adapte, soit il s’efface.
Et il y a plus derrière ces mots. Hughes sait très bien ce qu’il fait. Il joue un double jeu : recadrer son joueur, mais aussi envoyer un message à tout le vestiaire.
Les Suzuki, Caufield, Demidov, Dach, Newhook… tout le monde entend la même chose : personne n’a de passe-droit.
Tu veux jouer un rôle majeur? Prouve-le. Chaque présence, chaque entraînement, chaque mise en jeu compte.
Mais revenons à Laine.
Ce qui rend la situation encore plus croustillante, c’est que le Finlandais ne peut pas se cacher derrière son contrat.
Parce que oui, il rêve d’un nouveau pacte à long terme.
Mais Hughes n’est pas tombé dans le piège. Pas question d’attacher le club à un boulet si Laine ne fait pas ses preuves.
Le DG préfère attendre, tester, évaluer.
Autrement dit : Patrik, tu veux ta sécurité? Commence par bloquer un tir ou aller chercher une rondelle en fond de territoire. Sinon, oublie ça.
Ce bras de fer entre Hughes et Laine, c’est aussi une pièce de théâtre parfaite pour Montréal.
Parce que derrière la glace, les projecteurs, et les micros, il y a une ville entière qui juge.
Les partisans n’ont pas oublié les fantômes du passé : Gomez, Drouin, Kaberle… des gars qui, chacun à leur façon, ont porté l’étiquette de « contrat toxique » au Centre Bell.
Laine n’a pas envie d’ajouter son nom à cette liste noire. Mais il n’a plus droit à l’erreur.
Hughes l’a bien compris. C’est pour ça qu’il insiste sur le timing. « Ne les attends pas jusqu’en octobre… commence maintenant », a-t-il martelé.
En clair, pas question d’attendre que les vraies parties commencent pour décider de se mettre en marche.
Parce qu’une fois que tu es en retard dans ta saison, il est trop tard.
Et Laine, rappelons-le, traîne déjà la réputation d’avoir des débuts de saison lents. Deux automnes de suite, il a fallu patienter des mois avant de voir son impact offensif.
Cette fois, Hughes refuse de revivre le même scénario.
Il y a aussi une autre lecture à faire.
En poussant Laine ainsi, Hughes protège ses autres jeunes.
Parce que le message est clair : ce n’est pas parce que tu t’appelles Caufield ou Demidov que tu es intouchable.
Tout le monde doit se mettre à niveau. Et si Laine, avec son CV et ses millions, se fait recadrer publiquement, imagine ce que ça veut dire pour les autres.
Et maintenant, posons la vraie question : est-ce que Laine va répondre à l’appel?
C’est là que le dossier devient fascinant.
Parce que oui, on a vu des vidéos cet été.
Oui, il a multiplié les séances avec Adam Nicholas. Oui, il a affiché une intensité inhabituelle.
Mais une chose est claire : personne ne pardonnera s’il retombe dans ses vieilles habitudes.
Montréal n’a pas de patience. Montréal n’a pas de pitié. Et Montréal n’oublie jamais.
Ce qui rend tout ça encore plus explosif, c’est l’échéance.
Dans deux semaines, le camp d’entraînement.
Puis, dans un mois, la saison.
Les regards vont être braqués sur lui dès la première présence.
Va-t-il se replier en zone défensive?
Va-t-il déranger un défenseur? Va-t-il enfin gagner une bataille le long de la rampe?
Ou va-t-il, encore une fois, se contenter d’attendre que Suzuki lui passe la rondelle pour décocher un tir?
Si la réponse est la deuxième option, il risque de connaître une saison infernale.
Parce qu’à Montréal, tu ne peux pas te cacher.
Pas après un message aussi clair du DG.
Pas quand les caméras sont allumées.
Et c’est là que tout se joue.
Parce qu’au fond, Hughes a fait son travail. Il a parlé. Il a recadré. Il a averti.
Le reste appartient à Laine. Le Finlandais a désormais deux choix : répondre comme un champion… ou sombrer comme une étoile filante.
Mais une chose est certaine : le Canadien de Montréal, lui, ne l’attendra pas éternellement.
À suivre