Surprise à Brossard: la ligne bleue du CH transformée du tout au tout

Surprise à Brossard: la ligne bleue du CH transformée du tout au tout

Par David Garel le 2025-09-07

C’était supposé être une expérience marginale. Un test anodin lors des premiers entraînements à Brossard. 

Mais après plusieurs jours de scrimmages, de répétitions à cinq contre cinq, et d’avantage numérique, il faut se rendre à l’évidence : Noah Dobson et Lane Hutson veulent jouer ensemble. Et ils le font très bien.

Un revirement de situation complet pour une équipe qui croyait avoir sa ligne bleue bien définie. 

Kaiden Guhle devait être le partenaire défensif de Dobson.

Mais tout ça vient de voler en éclats... en voyant une chimie tellement naturelle sur la glace entre les deux diamants offensifs:

Depuis maintenant plusieurs jours, Noah Dobson et Lane Hutson sont inséparables. Que ce soit dans les exercices de transition, dans les relances rapides, ou surtout dans les séquences à cinq contre cinq en zone défensive, les deux défenseurs ultra-offensifs semblent littéralement se chercher… et se trouver.

Un peu comme s’ils s’étaient dit :

“Tout le monde croit qu’on ne peut pas jouer ensemble. Et si on leur prouvait le contraire?”

Et c’est exactement ce qu’ils font.

Dobson, avec son sang-froid, sa lecture du jeu, et son intelligence positionnelle.

Hutson, avec sa créativité, ses angles de passes improbables et ses accélérations fulgurantes, sans oublier ses feintes qui donnent mal au coeur.

Les deux se complètent mieux que prévu. Bien sûr, le profil défensif du duo reste vulnérable contre des trios physiques ou des forechecks lourds.

Mais ils compensent par leur rapidité d’exécution. Leur relance est si rapide qu’ils sortent la rondelle de leur territoire avant même que la pression adverse s’installe.

La question est maintenant politique : Martin St-Louis osera-t-il envoyers deux défenseurs offensifs comme premier paire?

Pourquoi pas?

Il faut le rappeler : Kaiden Guhle et Alex Carrier ont été une excellente paire l’an dernier. Solides, fiables, complémentaires. Et St-Louis n’est pas du genre à briser une formule gagnante.

Surtout qu'en jouant ensemble jour après jour, Dobson et Hutson envoient un message direct à leur entraîneur :

“Nous, on veut jouer ensemble. Nous, on pense qu’on est meilleurs ensemble.”

C’est une prise de position rare dans le monde très hiérarchique du hockey. Deux jeunes étoiles montantes qui réclament de changer les structures. Et ce n’est pas anodin.

Mais le plus gros impact de cette chimie, c’est peut-être ce qu’elle provoque sur l’avantage numérique.

Car non seulement Dobson et Hutson s’entraînent ensemble à cinq contre cinq, mais ils sont aussi utilisés ensemble sur les vagues de power play.

Et là, tout change.

Initialement, Renaud Lavoie avait rapporté que :

Dobson serait le "quarterback" de la première unité.

Hutson serait assigné à la deuxième unité, dans une configuration plus expérimentale.

Mais à force de les voir répéter des séquences ensemble, une hypothèse se dessine de plus en plus :

Et si Martin St-Louis alignait deux défenseurs sur sa première unité d’avantage numérique?

Ce serait audacieux, mais pas absurde. Dobson est droitier, Hutson est gaucher. Ils peuvent donc jouer en vis-à-vis, en one-timer. Et surtout, leur lecture du jeu permettrait de garder la rondelle dans la zone offensive pendant de longues séquences.

Mais ça veut aussi dire une chose brutale : quelqu’un devra céder sa place.

Et la principale victime pourrait être… Patrik Laine.

Le scénario semble impensable. Patrik Laine a été acquis pour marquer 35 à 40 buts. Il est l’un des meilleurs tireurs de l’élite. Et pourtant, dans ce nouveau contexte, il pourrait être le joueur exclu de l’unité #1.

Pourquoi?

Parce que Suzuki et Caufield sont intouchables... et son droitiers.

Et parce que si Dobson et Hutson forment la paire à la pointe, Laine n’a plus sa place naturelle au cercle gauche (quand on regarde le filet, cercle droit de la vision du gardien).

Il faudra un autre gaucher...et Juraj Slafkovsky ou Ivan Demidov pourrait être avantagé.

Comme on a besoin d'un gros gabarit devant le filet, Slaf pourrait bien avoir la première main.

Cole Caufield reprendrait alors son bureau au cercle gauche.

Même comme bumper ou screen, Laine n’offre pas la même polyvalence que d’autres. Et surtout, il s’entraîne avec Demidov depuis le début de l'été, ce qui offrirait à Martin St-Louis une 2e nuité de luxe.

Pendant ce temps, Hutson et Dobson enchaînent les combinaisons.

Un choix difficile se profile pour Martin St-Louis. Il devra décider s'il aligne ses deux défenseurs sur la première unité.

Et surtout, s'il a le courage d'aligner deux défenseurs offensifs ensemble.

Ce changement tactique ne se limite pas à l’avantage numérique. Il transforme toute la structure défensive du CH.

Si Dobson et Hutson sont ensemble sur la première paire, cela provoque un réalignement complet :

Guhle et Carrier deviennent la deuxième paire, à moins que David Reinbacher perce l'alignement.

Struble, Xhekaj, Mike Matheson ou Adam Engstrom devront alors se battre pour la troisième paire avec Carrier. 

Tout dépend de Reinbacher.

Ce serait un bouleversement complet des plans défensifs, et il est provoqué par la volonté de deux jeunes étoiles de redessiner leur propre destin.

Il faut aussi souligner une chose : Lane Hutson n’a peur de rien.

À peine arrivé dans la LNH, il s’impose dans tous les exercices. Il demande la rondelle. Il dirige le jeu. Et surtout, il ne s’efface pas devant Dobson.

Il pourrait se contenter d’un rôle plus discret pour débuter. Il pourrait laisser Dobson briller. Mais non. Il veut la rondelle. Il veut encore faire partie du top 4. Il veut diriger le powerplay.

Et à ce rythme, il va l’obtenir.

Noah Dobson et Lane Hutson ensemble? Au début de l'été, personne n’y croyait. Trop risqué. Trop offensif. Trop similaire.

Et pourtant, ce duo est en train de changer la hiérarchie du Canadien de Montréal à Brossard. Il est en train de redessiner le powerplay. De redéfinir la première paire défensive. D’imposer un style plus fluide, plus technique, plus imprévisible.

Ce revirement tactique serait bien plus qu’un simple ajustement d’alignement. Si Lane Hutson n’est pas sur la première unité d’avantage numérique ou sur la première paire défensive, tout change.

Son contrat, son pouvoir de négociation, sa valeur perçue dans la ligue en prennent un coup.

Dans un système où les points offensifs font grimper la cote d’un défenseur, être relégué sur la deuxième vague, ou à la 2e paire… peut se traduire en perte de millions de dollars.

Son agent Sean Coffey verrait ses arguments financiers s’effondrer en pleine négociation.

Noah Dobson, lui, semble vraiment excité de jouer avec Lane Hutson et ne semble avoir aucun problème à être payé autant que lui.  

Les deux prodiges envoient le messahe qu'il n'y a aucune bataille de pouvoir ou d'argent qui touche le vestiaire.

Le plus ironique?

C’est que ce ne sont pas les entraîneurs qui ont pris cette décision. Ce sont les joueurs eux-mêmes.

Et maintenant, Martin St-Louis doit décider s’il va les écouter.