Tension à Montréal: Matvei Michkov sort de son silence

Tension à Montréal: Matvei Michkov sort de son silence

Par David Garel le 2025-07-13

Matvei Michkov sort enfin du silence. Après des mois de rumeurs, d’allusions, de moqueries et de demi-vérités, le jeune prodige russe des Flyers de Philadelphie décide de parler, de remettre les pendules à l’heure et surtout, de répondre, sans le nommer, à Ivan Demidov, son grand rival et celui que plusieurs voient désormais comme le nouveau roi du hockey russe en Amérique du Nord.

C’est une guerre froide entre deux jeunes titans, deux philosophies, deux visions du sport et de la célébrité.

Michkov, au détour d’une entrevue avec RG Media, l’admet d’entrée de jeu :

« Une saison avec les "buts Michigan, c’était assez. J’ai tenté, je n’ai pas marqué, je passe à autre chose. »

Fini les fantaisies, les tentatives virales pour faire le tour des réseaux sociaux. Michkov veut désormais des buts concrets, des victoires, des séries éliminatoires.

« Je n’ai jamais joué un seul match en séries dans ma vie. Deux saisons à Sotchi, une à Philadelphie, zéro série. Il est temps de changer ça. »

Ce changement de ton n’est pas un simple détail. C’est le reflet d’une maturité nouvelle, mais aussi d’un été très particulier, entaché par un épisode que personne n’oubliera de sitôt : l’accident de voiture à Dubaï.

Michkov, passager d’une BMW M5 de luxe, se retrouve au cœur d’un scandale médiatique après que la compagnie de location ait confisqué illégalement son passeport et celui de ses amis russes. L’objectif ? Une extorsion de 100 000 dollars. Rien de moins.

Mais Michkov contre-attaque. Ses avocats dénoncent publiquement l’affaire, gagnent en cour, forcent le retour des passeports. Il n’y avait ni drogue, ni alcool, ni femmes louches, contrairement à ce qu’ont véhiculé certains médias occidentaux.

Mais pendant que Michkov gérait ce cauchemar juridique, Ivan Demidov, lui, régnait déjà à Montréal.

Posant fièrement dans une Audi RS6 flambant neuve, louée chez Paramount Location à Mont-Royal, il signait des chandails, souriait à la caméra, parlait déjà français.

Il avait bien fait attention de choisir une Audi et non une BMW, car il sait qu'on le compare constamment à Michkov et cela l'énerve au plus haut point.

Il s’entraînait à Brossard comme un vétéran. Un message fort, envoyé sans dire un mot : pendant que Michkov se défend, moi je construis.

Et ce n’est pas tout. Demidov a choisi de porter le numéro 93 avec le Canadien de Montréal. Un clin d’œil sans pitié, cinglant, assumé. Le miroir inversé du 39 de Michkov. Une provocation symbolique, raffinée, brillante.

Le 93, c’est aussi l’année de la dernière Coupe Stanley à Montréal. Mais pour ceux qui suivent de près la rivalité entre les deux Russes, c’est surtout un coup de poignard subtil : je suis ton contraire, ton successeur, ton remplaçant.

Michkov, de son côté, tente de reprendre le contrôle du narratif.

Il parle de son amour pour l’approche dure de John Tortorella.

« Il m’a dit : je sais que t’es un gars avec du caractère. Moi aussi. On va se pogner. Et on s’est pognés, mais toujours avec respect. »

Il précise qu’il déteste les entraîneurs « soft ». Il n’a jamais nommé Martin St-Louis, mais tout le monde comprend. Michkov ne voulait pas Montréal. Il l’a senti dès le départ : ce club-là n’était pas pour lui. Trop de cœur, pas assez de dureté. Il aurait étouffé.

Demidov, lui, incarne tout ce que Michkov n’est pas : la discrétion dans l’audace, la provocation dans la dignité, le talent sans les scandales.

Il aurait pu, lui aussi, exiger le 91, le 11 de Gallagher, le 27 de Kovalev. Mais non. Par respect, il a pris un numéro libre, chargé d’histoire et de signification.

Pendant ce temps, Michkov joue les donneurs de leçon à Philadelphie.

Mais il doit comprendre que cette ville est rude et le public impitoyable. Le faux pas à Dubaï n’a pas été oublié. Et le silence de l’organisation, qui n’a offert qu’un bref « nous sommes au courant », laisse entendre qu’on lui laisse une dernière chance… mais qu’on ne le défendra plus publiquement.

À 20 ans, Michkov doit maintenant prouver qu’il n’est pas son pire ennemi. Qu’il peut éviter les pièges, les excès, les mauvaises fréquentations. Parce qu’un autre incident, et c’est la fin.

L’arrivée de Trevor Zegras chez les Flyers, un autre « artiste » du hockey, alimente les comparaisons. Deux gars de lacrosse goals, deux showmen. Mais Michkov veut fermer ce chapitre.

À travers ses paroles, on sent le besoin de faire le ménage. De se redéfinir. De démontrer qu’il peut être un joueur d’impact, pas seulement une vedette virale.

Pendant ce temps, Demidov construit son trône à Montréal. En silence, mais avec autorité. Il veut écrire l’histoire. Il n’a pas besoin d’en dire plus.

Sa voiture, son numéro, son attitude, tout parle pour lui. Il ne veut pas être Michkov. Il veut l’effacer.

Car pendant que Matvei Michkov donne des entrevues à distance, réfléchit à ses erreurs à Dubaï, et rentre brièvement en Russie pour y revoir ses anciens coéquipiers et… son ours de compagnie, Ivan Demidov, lui, choisit le peuple.

Il reste à Montréal tout l’été, apprend le français et l’anglais, s’entraîne à Brossard comme un vétéran, puis électrise carrément la foule à Boisbriand lors d’un événement caritatif devenu, en quelques minutes, un bain de foule à son image.

@canada_hockey418 #ivandemidov #RDS #hockey #nhl #moye #montrealcanadiens ♬ Unleash The Power - Hidden Citizens

Il signe des autographes, lance des rondelles aux enfants, rigole avec les jeunes et les influenceurs locaux, puis exécute une feinte à une main qui fait exploser l’aréna. Il gagne le premier segment du concours par acclamation, se rend jusqu’au seuil de la finale, et termine la soirée sous les chants de fans déjà conquis.

@guindon1026 Anyone else pumped for Demidov first season? #demidov #ivandemidov #93 #montrealcanadiens #habs #nhl #superstar #ska #khl #vanya #fyp #coachchippy ♬ Showtime - Skillet

La différente avec Michkov est violent. Ce dernier refuse systématiquement les événements publics, fuit les journalistes, et continue de cultiver une image de mystère et de génie tourmenté.

Demidov, lui, comprend déjà que pour régner à Montréal, il faut embrasser le peuple, vivre avec lui, marcher parmi lui.

Et c’est peut-être là, dans cette proximité naturelle, cette générosité de présence et d’émotion, que Demidov vient de signer sa plus grande réplique à Michkov : pas besoin de mots, j’ai déjà le cœur du Québec.