L’état-major du Canadien de Montréal a entre les mains une bombe à retardement. Une bombe suédoise. Et elle est sur le point d’exploser en plein cœur de la congestion défensive la plus toxique.
Son nom : Adam Engström. Un jeune défenseur au coup de patin incroyable, à l’intelligence de jeu rare, qui vient d’envoyer un message aussi clair que brutal à Kent Hughes et Martin St-Louis : il est NHL-ready. Et il n’a aucunement l’intention de faire ses valises pour Laval.
« Est-ce que je suis prêt pour une autre saison dans la Ligue américaine? »
Quand le journaliste suédois, Patrik Bexell, lui a posé la question, Engström a simplement répondu « oui ». Mais ses yeux, eux, criaient non selon les termes utilisés par le reporter.
Pas un non capricieux. Un non lucide, d’un joueur qui sait qu’il a tout fait pour mériter sa place dans la Ligue nationale. Un non d’homme. Un non de vétéran piégé dans un corps de recrue.
Car Engström ne veut pas simplement faire partie du camp d’entraînement. Il veut gagner son poste. Il sait qu’il est meilleur que plusieurs défenseurs déjà sur la liste des sept de Martin St-Louis.
Il sait que ses 27 points, son brio en séries avec le Rocket, son jeu défensif métamorphosé, tout ça devrait suffire à forcer la main du Canadien.
Et pourtant, à cause d’un détail administratif (il est exempté du ballottage), il est celui qu’on envoie dans l’autobus, pendant qu’un défenseur comme Jayden Struble, avec un contrat de 1,4 M$ et Arber Xhekaj avec une entente de 1,3 M$, dort en paix dans son condo.
À ceux qui voient en lui un nouveau Mattias Norlinder, le flop du passé, Engström répond par les faits. En une seule saison en Amérique du Nord, il a fait taire tous les doutes.
Non seulement il a appris à défendre, ce qui était le gros point d’interrogation en Suède, mais il a dominé dans les séries. Les équipes adverses ont dû adapter leur système pour l’éviter.
« On coachait activement contre Engström pour ne pas l’affronter », a confié un membre du personnel du Rocket au journaliste.
Son entraîneur adjoint Daniel Jacob, ancien de Laval, enseigne selon lui exactement la même méthode que Max Bohlin à Rögle. (son ancien coach en Suède).
Cette continuité pédagogique a permis à Engström de se transformer. Il a abandonné ses vieux réflexes de relance à haut risque pour adopter une approche plus responsable.
Il reste parfois quelques erreurs de jeu risqué, mais il est désormais l’un des meilleurs en lecture de jeu, en positionnement et en relance contrôlée.
Il n’a pas été spectaculaire toute l’année. Il a connu des hauts et des bas. Mais après Noël, son jeu a tout simplement explosé.
Dans les derniers mois de la saison et en séries, il a été le meilleur défenseur de l’équipe. Et ça, ce n’est pas une opinion de fan. C’est une évaluation interne.
Ce qui distingue Engström, ce n’est pas seulement son patin. C’est sa rage tranquille. Sa capacité à défier les attentes, encore et encore.
À Rögle, il devait jouer junior? Il a fini sur la première paire en SHL. À Laval, il devait être un remplaçant? Il a terminé la saison comme pilier en séries. Le gars gagne des batailles qu’on ne le voit même pas livrer.
« Il ne voulait pas juste améliorer sa défense, il voulait devenir un défenseur complet. »
Cet été, il a travaillé comme un possédé. Non pas pour devenir plus costaud, ce n’est pas son identité, mais pour améliorer son endurance et son contrôle d’écart.
Il a passé des heures à perfectionner ses replis défensifs et à maîtriser les transitions rapides avec son ancien coach suédois.
Il sait exactement ce qu’il doit faire pour devenir un joueur top 4 dans la LNH. Et il est prêt.
Le problème? Il n’y a plus de place
Et c’est là que le cauchemar commence. Car si Engström est NHL-ready, quelqu’un doit partir. Le Canadien ne peut pas aligner huit défenseurs chaque soir. Actuellement, la brigade défensive projetée est composée de :
Noah Dobson
Mike Matheson
Kaiden Guhle
Lane Hutson
Arber Xhekaj
Jayden Struble
Alexandre Carrier
Et David Reinbacher cogne à la porte lui aussi. En fait, il est presque assuré d’un poste parce que Kent Hughes veut le développer en LNH.
Et voilà Engström, qui est probablement meilleur que Struble et Xhekaj, mais qu’on pourrait renvoyer à Laval… parce qu’il n’a pas besoin de ballottage.
Ce serait une erreur stratégique majeure.
Et ce n’est pas un hasard si plusieurs rumeurs circulent déjà autour d’un possible échange impliquant Jayden Struble ou Arber Xhekaj. Deux joueurs qui pourraient attirer l’attention, surtout avec la valeur marchande d’un Xhekaj encore intacte, alors que le Shérif est très populaire sur le marché des transactions.
Tout ça mène à une seule conclusion logique : le Canadien doit faire une transaction.
Engström est prêt. Il l’a prouvé. Il n’a rien à gagner en retournant à Laval, sauf de la frustration. Martin St-Louis l’a vu jouer. Le staff l’adore. Alors pourquoi le punir pour une simple histoire de logistique?
Kent Hughes a trop bien géré ses contrats pour commettre une telle erreur. Mais il est pris à son propre piège. Il a trop de bons défenseurs. Et ça pourrait exploser s’il ne bouge pas.
Les options?
Échanger Jayden Struble, qui vient de signer et qui ne possède pas de clause de non-échange.
Échanger Arber Xhekaj, dont le style ne plaît plus totalement à Martin St-Louis.
Conserver huit défenseurs, ce qui gèle l’alignement et cause du mécontentement.
Faire de la place en avant pour un système à sept défenseurs réguliers, ce qui n’est pas viable à long terme.
Le camp d’entraînement 2025-2026 du Canadien sera l’un des plus compétitifs de la dernière décennie. Et Engström est le joker de luxe. Celui qu’on sous-estime, mais qui pourrait tout faire basculer.
Il patine mieux que Xhekaj. Il est plus complet que Struble. Il est plus mature que Reinbacher.
Alors pourquoi est-il encore vu comme un joueur de Laval?
La réponse, c’est qu’on s’accroche à de vieux réflexes. À des statuts acquis. À des contrats signés.
Mais Engström est en train de faire exploser ces statuts-là.
Et le CH n’aura pas d’autre choix que d’agir.
Il ne s’agit pas ici de tomber dans le "hype" aveugle. Il s’agit de regarder le travail, les progrès, l’éthique et le résultat.
Engström a gagné son poste. Il mérite une audition prolongée avec les meilleurs. Il mérite d’être évalué contre les McDavid, les Matthews, les Pastrnak. Pas contre les Marlies ou les Penguins de Wilkes-Barre.
Le CH a une merveille entre les mains. Il a la patience, la tête, la vision. Il a appris à défendre. Il ne cherche plus le jeu compliqué. Il veut gagner.
Mais pour lui faire une place, il faut un sacrifice.
Le genre de sacrifice qui sépare une bonne équipe d’une grande équipe.
Et Kent Hughes devra décider : fait-il confiance à la nouvelle vague, ou reste-t-il prisonnier de ses anciens paris?
Parce qu’Engström n’attendra pas éternellement.
Et s’il retourne à Laval, ce ne sera pas pour apprendre. Ce sera pour attendre un coup de téléphone qu’il sait déjà mériter.
Ça sent la transaction à plein nez.