Il y a des moments où un simple commentaire, balancé devant les journalistes, peut faire vaciller toute une province.
Aujourd’hui, à Calgary, Connor McDavid a encore une fois secoué l’Alberta sans avoir besoin de marquer un seul but.
On est à trois semaines du camp d’entraînement des Oilers et le meilleur joueur au monde a regardé droit dans les caméras, en plein camp d’orientation d’Équipe Canada, et a lancé un message qui résonne comme une bombe à retardement : « J’dire que toutes les options sont sur la table. »
Toutes. Les. Options !!!
Pas « je veux rester à Edmonton », pas « on va s’entendre bientôt », pas même un « on y travaille ».
Juste une phrase qui laisse tout ouvert.
Et pour une organisation comme les Oilers, qui ont déjà vu Wayne Gretzky quitter la ville comme un tremblement de terre en 1988, ces mots-là sont suffisants pour réveiller les fantômes.
McDavid est sous contrat jusqu’en 2026, mais chaque journée qui passe sans prolongation devient un pas de plus vers le gouffre.
Il aurait pu calmer la tempête, dire qu’il voulait régler ça avant la saison.
Il ne l’a pas fait.
Au contraire, il a insisté : « Je prends mon temps, je traverse le processus avec ma famille, mon agent, tout le monde impliqué. On y va tranquillement. »
Tranquillement. Pendant que l’Alberta panique.
Ce qui rend le tout encore plus explosif, c’est le contexte.
McDavid sort de deux défaites consécutives en finale de la Coupe Stanley, face aux Panthers de la Floride.
Deux défaites qui l’ont laissé vidé, mais surtout frustré.
Dès juin, il avait prévenu : « Si je sens qu’il y a une fenêtre pour gagner, signer ne sera pas un problème. »
Traduction : prouvez-moi que vous pouvez bâtir une dynastie autour de moi, sinon je garde la porte ouverte. Et qu’ont fait les Oilers depuis ?
Ils ont prolongé Evan Bouchard, oui, mais ils ont aussi perdu Evander Kane, Viktor Arvidsson, Corey Perry et Connor Brown.
Pas exactement un signal d’agressivité pour convaincre le meilleur joueur du monde de se lier à vous pour huit autres années.
Alors qu’aujourd’hui, devant les micros, on lui posait LA question ... pas une balle molle, pas une question de politesse ... McDavid a semblé irrité.
Comme si lui aussi trouvait le timing étrange.
On est ici pour parler d’Équipe Canada, des Jeux olympiques, de la chance de jouer avec Crosby et Marchand, pas pour revenir encore sur son avenir.
Mais il l’a fait, et son ton de voix ne trompe pas : il est tanné.
Tanné de répéter, tanné d’être coincé dans le même cercle vicieux.
Un peu comme Leon Draisaitl l’an passé, qui avait fini par signer, mais avec le même air blasé devant les caméras.
Ce qui choque le plus, c’est ce paradoxe : Edmonton est à la fois si près et si loin.
Si près parce qu’ils ont joué deux finales de suite.
Si loin parce qu’ils n’ont pas su franchir l’ultime étape.
Et McDavid le sait : à 28 ans, chaque saison gaspillée le rapproche de la ligne fatidique où la carrière bascule.
Huit saisons de 100 points ou plus, trois fois meilleur pointeur des séries… mais aucune Coupe Stanley.
C’est le seul obstacle entre lui et le Mont Rushmore du hockey.
Et c’est là que le scénario catastrophe s’installe.
Imaginez : Edmonton commence mal la saison.
Les Oilers glissent hors du portrait des séries.
La date limite approche. Et McDavid n’a toujours pas signé.
Que fait le DG ? Le garder et risquer de tout perdre le 1er juillet 2026 ?
Ou faire le geste impensable, l’échanger, comme on l’avait fait avec Gretzky ? C’est une question que personne n’ose poser à voix haute en Alberta, mais qui plane dans chaque bureau de la LNH.
Parce que soyons clairs : jamais les Oilers ne laisseront McDavid partir pour rien.
Et jamais une équipe ne paiera un prix démesuré sans garantie de prolongation.
Ça veut dire qu’un échange, s’il devait arriver, serait conditionnel à une entente à long terme.
Exactement comme ce qu’on a vu avec Mikko Rantanen, échangé aux Stars après avoir signé un nouveau contrat.
Mais là, on ne parle pas de Rantanen. On parle de McDavid. Et ça changerait la LNH comme aucune transaction depuis 1988.
Los Angeles revient dans toutes les conversations.
Les Kings, Hollywood, le soleil… et l’histoire.
Gretzky avait ouvert la route.
Brent Clarke, Quinton Byfield et des choix de premier tour seraient les pierres angulaires d’une offre monstrueuse.
Mais Montréal aussi, avec David Reinbacher et Juraj Slafkovsky, pourrait bâtir un paquet crédible.
Le genre de scénario qui donne le vertige, mais qui devient réel si McDavid continue à repousser sa décision.
Et si jamais les Oilers sont encore dans la course aux séries ?
Là, c’est encore pire. Parce que tu joues le tout pour le tout.
Tu gardes McDavid, tu espères qu’il te mène à la Coupe.
S’il réussit, tu as gagné ton pari et il re-signe. S’il échoue, tu perds la Coupe et peut-être McDavid pour toujours.
Un all-in suicidaire, mais que toute la ville pousserait à tenter.
Ce qui ajoute une couche d’ironie, c’est l’argent.
McDavid peut demander le maximum : huit ans, 19,1 millions par saison.
Les Oilers signeraient demain matin.
Mais à ce prix-là, comment bâtir une équipe autour de lui ? C’est le dilemme du joueur qui veut tout : la bague et l’argent.
Wayne Gretzky, lui, n’a jamais eu à jongler avec un plafond salarial.
McDavid, oui. Et c’est peut-être ça qui va tuer les Oilers de l’intérieur.
Alors, que reste-t-il ? Un joueur qui répète : « J’ai toutes les intentions de gagner à Edmonton. »
Un joueur qui ajoute dans la même respiration : « Toutes les options sont sur la table. »
Et un vestiaire qui sait déjà qu’une saison entière de rumeurs et de spéculations peut tout détruire.
Aujourd’hui, McDavid a parlé sans parler.
Il a souri sans sourire.
Il a rassuré sans rassurer.
Et en Alberta, chaque mot résonne comme une bombe à retardement. Parce que si Connor McDavid ne signe pas, l’histoire risque de se répéter.
Et les Oilers savent très bien qu’ils ne survivront pas à un deuxième Gretzky.
Misère...