Tremblement à Montréal : un mythe de Cole Caufield brisé en direct

Tremblement à Montréal : un mythe de Cole Caufield brisé en direct

Par André Soueidan le 2025-08-26

Depuis qu’il a débarqué à Montréal, Cole Caufield traîne derrière lui une étiquette qui colle comme une sangsue : trop petit, pas assez costaud, incapable de survivre dans une Ligue nationale construite sur la brutalité des séries éliminatoires.

Combien de fois a-t-on entendu ce refrain mille fois éraillé? Les sceptiques attendaient son effondrement comme on attend une catastrophe annoncée, avec impatience, convaincus que la nature allait finir par rattraper ce petit gabarit.

Et pourtant, à chaque fois, Caufield sort la mitrailleuse, transforme un demi-espace en chance de marquer et force les experts de salon à ravaler leurs prédictions.

Hier encore, ce mythe a pris une claque monumentale, et ce n’est pas n’importe qui qui l’a brisé : Pat Maroon lui-même, triple champion de la Coupe Stanley, colosse de 6 pieds 3, 238 livres, l’anti-Caufield par excellence.

Le timing n’aurait pas pu être plus violent.

Invité au NHL Network dans un segment consacré aux meilleurs jeunes Américains nés depuis l’an 2000, Maroon n’a pas hésité une seconde à pointer du doigt le numéro 13 du Canadien.

« Parfois, la taille n’a pas d’importance. Il trouve un moyen de réussir. J’aime simplement son jeu. C’est un petit gars, mais il va dans les zones et il trouve le moyen de marquer […] Son tir est exceptionnel. »

Bang. Voilà qui enterre une bonne fois pour toutes le cliché éculé du “petit joueur inutile en séries”.

Quand c’est un colosse qui a fait sa carrière à cogner des portes de garage et à soulever des coupes qui le dit, le poids des mots devient insoutenable pour les détracteurs.

Le tremblement n’est pas que dans les propos. Il est dans les chiffres.

Caufield, ce “petit joueur”, a récolté 219 points à ses 287 premiers matchs en carrière.

Il marque en moyenne 0,41 but par match, un rythme digne des plus grands buteurs de sa génération.

Si on l’étale sur 82 matchs, c’est une production qui frôle les 34 buts par saison.

Et dans un vestiaire où les Demidov, Slafkovsky et Suzuki l’entourent de plus en plus, son potentiel offensif ne fait que s’élargir.

On parle d’un joueur qui n’a pas encore atteint son apogée, mais qui, déjà, a transformé son soi-disant “défaut” en arme psychologique.

Chaque fois qu’un défenseur croit qu’il peut le museler par sa carrure, Caufield trouve une manière de se faufiler, d’échapper à l’ombre et de décocher ce tir sec, millimétré, qui fait taire toute la rhétorique.

Ce qui est fascinant dans la sortie de Pat Maroon, c’est qu’il incarne la vieille garde.

Le hockey de ses années de gloire, c’était le grind, les mises en échec derrière le filet, le jeu physique qui épuise et démolit. Et pourtant, il rend hommage à un joueur qui représente exactement le contraire de son profil.

Caufield, c’est le hockey nouvelle génération : vitesse, créativité, tir chirurgical. Ce contraste, c’est le choc culturel parfait.

Le “Big Rig” reconnaît que, parfois, l’avenir ne se plie plus aux vieilles règles du passé.

C’est comme si le monstre qui protégeait l’entrée du temple venait soudainement d’ouvrir la porte et de dire : “OK, vous aviez raison, ce kid-là est légitime.”

Et à Montréal, l’impact est gigantesque.

Parce que Caufield ne joue pas dans une ville anonyme où ses 37 buts passent sous le radar.

Chaque fois qu’il touche à la rondelle au Centre Bell, 21 000 personnes se lèvent comme si le monde allait basculer.

Martin St-Louis l’a dit et répété : ce gamin a le flair des grands marqueurs, ce don de déclencher une ovation juste en se plaçant au bon endroit.

Quand le coach compare ce souffle à ce qu’il a vécu lui-même avec Tampa Bay au début des années 2000, il ne parle pas juste d’un joueur efficace.

Il parle d’un électrisant. Et ça, tu ne peux pas le mesurer avec une balance ou un ruban à mesurer.

Pourtant, malgré ses prouesses, la perception collait encore.

Comme si les sceptiques attendaient toujours son effondrement, prêts à dégainer le jour où il raterait trois matchs consécutifs sans marquer.

Mais là, on a atteint un point de non-retour.

Quand un vétéran respecté comme Maroon affirme publiquement que Caufield a tout ce qu’il faut pour survivre, la critique se fragilise.

La légende urbaine s’effondre. Il ne reste qu’un constat brutal : ce n’est pas la taille qui dicte la carrière, mais la volonté et le talent.

Et sur ces deux points, Caufield est blindé.

Le tremblement dont on parle à Montréal, il n’est pas que statistique. Il est émotionnel.

Parce qu’on se souvient tous de la petite boule d’énergie sortie de la NCAA, sourire collé au visage, qu’on se demandait s’il tiendrait deux ans avant d’être avalé par la machine.

Trois saisons plus tard, non seulement il est toujours là, mais il est devenu le cœur offensif de cette équipe.

Et maintenant, il est validé par un champion qui a fait son pain et son beurre en martyrisant des joueurs de son gabarit.

C’est une gifle au visage de tous ceux qui, encore aujourd’hui, ramènent son format comme excuse.

Et ce tremblement pourrait secouer encore plus fort bientôt.

Parce qu’avec Demidov qui débarque, Slafkovsky qui explose, Suzuki qui reste l’ancre du vestiaire, Caufield n’est plus seul à porter la charge.

Il est entouré. Et dans ce contexte, imaginez son potentiel quand les défenses adverses devront se diviser entre tant de menaces.

Si à 5’8 il a déjà pulvérisé les doutes, qu’adviendra-t-il quand il aura la liberté de sniper à sa guise, alimenté par Hutson à la ligne bleue et Demidov qui attire deux joueurs à lui?

On parle d’une arme de destruction massive.

Pat Maroon a peut-être pris sa retraite, mais ses mots résonnent comme une validation officielle : Cole Caufield n’est plus le “petit” qu’on tolérait, c’est un cauchemar pour les gardiens et un poison pour les défenses.

À Montréal, ça fait longtemps qu’on le sait. Mais le fait qu’un champion vienne sceller la vérité en direct à la télévision nationale, ça change la donne.

Parce qu’un mythe s’est brisé.

Et ce tremblement, il continuera de résonner chaque fois que Caufield enfilera son chandail bleu-blanc-rouge, sourire en coin, prêt à briser d’autres certitudes.

AMEN