Les vieux fantômes de la rivalité Montréal–Boston sont peut-être en train de se réveiller, et cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une mise en échec sournoise derrière le filet ou d’une bagarre entre lignes complètes.
Non, cette fois, le combat se joue derrière des portes closes, dans des bureaux où les téléphones chauffent, les textos s’effacent et les regards se croisent dans les loges de la LNH.
Kent Hughes et Don Sweeney, deux hommes qui n’ont pas besoin d’être présentés, pourraient être sur le point d’ajouter un chapitre explosif à une histoire déjà marquée par la haine, la compétition et les coups bas.
Pour comprendre pourquoi ce simple murmure provoque déjà un tremblement de terre dans les deux marchés, il faut revenir à l’essence de ce qui unit et divise ces deux hommes.
Hughes, l’homme au plan sur cinq ans qui joue ses cartes avec patience, n’oublie jamais qu’il a grandi et fait carrière à quelques coins de rue de Boston.
Sweeney, l’architecte d’une équipe toujours sur le fil entre la victoire et la reconstruction, sait qu’il n’a pas le luxe d’attendre.
Et dans un été où la pression est partout ... à Boston comme à Montréal ... le moment est parfait pour que deux rivaux trouvent un terrain d’entente, non pas par amitié, mais par pur instinct de survie.
À Boston, on ne se cache plus : le noyau vieillit, les cracks apparaissent, et même si les Bruins restent une force, ils ont besoin de sang neuf et de flexibilité.
Les noms de Pavel Zacha et Casey Mittelstadt circulent depuis quelques jours comme deux pièces de monnaie prêtes à être échangées.
Jeff Marek, voix respectée dans les coulisses de la LNH, a déjà glissé que “beaucoup de choses sont sur la table” du côté de Boston.
En langage de hockey, ça veut dire que si vous avez quelque chose qui intéresse les Bruins, on est prêts à écouter. Et Hughes écoute toujours.
Zacha, grand centre capable de jouer à l’aile, contrat de 4,75 millions jusqu’en 2027.
Mittelstadt, centre plus jeune, encore en progression, et qui pourrait parfaitement se glisser derrière Suzuki pour donner au Canadien une colonne vertébrale enfin digne de ce nom.
Deux profils qui collent exactement à la fiche signalétique que Hughes a affichée tout l’été : productif, capable de jouer dans le top 6, pas un boulet contractuel, et surtout assez solide pour affronter la pression montréalaise sans trembler.
Et c’est là que la danse commence.
Car Hughes sait que pour séduire Sweeney, il faut offrir plus qu’un simple choix de deuxième ronde ou un espoir qui peine à se développer.
Boston, on le sait, n’aime pas faire de cadeaux à Montréal.
Les transactions entre ces deux équipes sont rarissimes, presque taboues.
Et c’est pour ça que si ça bouge aujourd’hui, ce ne sera pas un petit geste. Ce sera un coup qui fera parler pendant des années.
Pour Hughes, l’intérêt n’est pas seulement sur la glace.
Oui, Zacha ou Mittelstadt apporteraient de la profondeur et de la production.
Mais il y a aussi la dimension stratégique : envoyer un signal à son vestiaire que la reconstruction a franchi une étape, que le CH cesse de se contenter de projets incertains et passe à l’action.
Dans un vestiaire où Suzuki, Caufield et Slafkovsky attendent des renforts concrets, l’arrivée d’un centre établi changerait l’atmosphère.
Demidov, fraîchement débarqué, pourrait bénéficier immédiatement d’un joueur capable de créer de l’espace et de transformer un bon jeu en but.
Mais toute médaille a son revers. Boston ne donnera pas un joueur comme Zacha ou Mittelstadt sans contrepartie solide.
À Montréal, on ferme déjà la porte à des noms comme Reinbacher ou Hage.
Mais qui reste-t-il alors pour attirer l’attention de Sweeney? Joshua Roy? Jayden Struble? Un premier choix 2026 protégé top 10?
Est-ce que Hughes oserait inclure Kirby Dach, déjà fragilisé par les blessures, comme pièce d’échange ?
Ce serait un geste brutal pour un joueur qu’on a longtemps présenté comme le deuxième centre du futur, mais qui, après deux chirurgies au genou, reste un pari incertain.
Et c’est peut-être précisément ce genre de pari que Boston pourrait accepter.
Sweeney n’est pas étranger à l’idée de miser sur un joueur dont la valeur est au plus bas pour espérer une relance.
S’il croit que Dach peut redevenir un centre de calibre top 6 dans un environnement différent, il pourrait mordre… mais seulement si la balance de l’offre lui donne aussi des actifs immédiats, comme un choix élevé ou un jeune défenseur prometteur.
Dans ce contexte, le marchandage devient une partie d’échecs où chaque pièce compte.
Hughes pourrait tenter d’inclure un contrat à écouler pour libérer de la masse salariale ... un vétéran en fin de cycle ou un joueur dont l’utilité à Montréal a diminué ... afin d’ouvrir la voie à d’autres mouvements.
Sweeney, de son côté, pourrait utiliser l’intérêt du CH comme levier auprès d’autres équipes, augmentant ainsi la pression sur Hughes pour bouger rapidement.
Ce genre de négociation est rare entre ces deux organisations, et c’est justement ce qui rend l’histoire fascinante.
On ne parle pas ici d’un simple échange de profondeur, mais d’un geste qui pourrait redessiner la hiérarchie des deux équipes pour les saisons à venir.
Si Zacha arrivait à Montréal, le visage du top 6 changerait du jour au lendemain : un joueur expérimenté, capable de tenir son bout contre les meilleurs trios adverses, qui pourrait libérer Suzuki et Caufield pour des missions offensives plus franches.
Mittelstadt, lui, apporterait une touche plus créative et imprévisible, mais aussi un potentiel de progression qui colle à la vision à long terme du CH.
Pour Boston, céder un de ces joueurs signifierait peut-être reculer pour mieux sauter, créer de la place pour un autre centre via le marché ou injecter du sang neuf par le repêchage.
Pour Montréal, ce serait clairement un pas vers la compétitivité immédiate, mais aussi un signal que la direction croit que la fenêtre commence à s’entrouvrir.
Et pendant que les partisans spéculent, que les journalistes multiplient les appels aux “sources proches du dossier”, les deux hommes clés restent muets.
Sweeney, fidèle à lui-même, ne laisse filtrer qu’un “on explore toutes les options”.
Hughes, comme toujours, joue sur le ton neutre : “On regarde toutes les possibilités pour améliorer l’équipe.” Mais derrière ces phrases banales se cache peut-être l’un des mouvements les plus surprenants de l’été.
L’été n’est pas fini, et dans la LNH, août est souvent plus silencieux que juillet. Mais c’est aussi à ce moment-là que les conversations en coulisses peuvent prendre une tournure décisive.
Les camps d’entraînement approchent, les rosters doivent être fixés, et chaque DG sait que la marge de manœuvre se rétrécit à vue d’œil.
Hughes le sait. Sweeney aussi. Et si, pour une fois, les vieilles rancunes de la rivalité Boston–Montréal passaient au second plan au profit d’un coup de maître mutuellement bénéfique ?
Peut-être que, dans quelques semaines, on regardera cette période comme le moment où les deux rivaux ont choisi de surprendre tout le monde.
Ou peut-être que, comme souvent, l’histoire se terminera par un “presque” et quelques rumeurs de plus à ranger sur la pile.
Mais pour l’instant, une chose est sûre : le téléphone sonne, les noms circulent, et le vieux pont entre le TD Garden et le Centre Bell vibre à nouveau.
À suivre ...