Il y a des journées où tout semble conspirer contre toi.
Et aujourd’hui, Samuel Montembeault en vit une.
Alors qu’il s’apprête enfin à reprendre le filet du Canadien de Montréal, après dix jours d’absence, voilà que la Ligue nationale de hockey annonce que son coéquipier Jakub Dobeš a été nommé troisième étoile du mois d’octobre.
Oui, Dobeš. Le jeune gardien tchèque de 24 ans. Celui qu’on voyait encore, il n’y a pas si longtemps, comme un projet à long terme dans l’organisation.
Ce même Dobeš qui, sans bruit, a profité des récents ennuis de Montembeault pour faire irruption dans la conversation… à l’échelle de toute la ligue.
Et maintenant? Ce n’est plus un feu de paille. Ce n’est plus un hasard.
C’est une tendance lourde.
En six départs en octobre, Dobeš n’a pas perdu une seule fois. Il affiche une fiche de 6-0-0, une moyenne de buts alloués de 1,97, et un pourcentage d’efficacité de .930.
C’est tout simplement remarquable.
Quand la LNH récompense un gardien recrue parmi les trois étoiles mensuelles, ce n’est pas banal.
Quand elle le fait alors qu’il est encore techniquement considéré comme le gardien numéro deux ou trois d’une équipe, c’est encore plus révélateur.
À ce stade-ci, ce n’est plus juste une belle histoire. C’est une sérieuse menace pour Samuel Montembeault.
Le timing est cruel...
Et c’est peut-être ça, le plus dur à avaler pour Montembeault.
Car ce samedi, il est censé reprendre le filet contre les Sénateurs d’Ottawa, à Montréal. Sa première titularisation depuis la raclée encaissée contre les Oilers d’Edmonton, il y a dix jours.
Un match où, il faut le rappeler, il avait été complètement dépassé, comme toute l’équipe.
Depuis, silence radio. Repos forcé. Réflexion.
Et pendant qu’il ressassait ses performances, Dobeš empilait les victoires comme si c’était un gardien établi.
Puis bam. L’annonce de la LNH ce matin.
On ne pouvait pas frapper plus fort dans l’égo d’un gardien qui essaie déjà de retrouver son rythme.
Montembeault n’est plus le chouchou d’hier...
Il faut se souvenir d’où vient Montembeault.
La saison dernière, il avait conquis le cœur des partisans.
Il avait été invité comme gardien numéro 3 pour l’équipe Canada au tournoi des Quatre Nations.
Tout allait bien.
Il incarnait cette espèce de stabilité qu’on croyait impossible à trouver devant le filet à Montréal depuis Carey Price.
Il n’était pas spectaculaire, mais il était fiable. Humble. Efficace.
Et là, en quelques semaines, le vent a tourné.
Pas à cause de lui seulement. Mais parce que Dobeš a saisi l’occasion au vol.
Une compétition interne… de plus en plus déséquilibrée
Le Canadien, pour l’instant, n’a pas officiellement désigné de numéro un. Martin St-Louis dit aimer la rotation. Mais dans les faits, celui qui gagne reste.
Et jusqu’à maintenant, Dobeš n’a donné aucune raison de le retirer du filet.
Ce n’est pas seulement une histoire de statistiques. C’est une question de confiance. De momentum. De présence.
Et ce que Dobeš dégage depuis quelques semaines, c’est la solidité d’un gardien qui n’a pas peur de voler un poste.
Montembeault, lui, doit maintenant non seulement livrer une solide performance contre Ottawa, mais en plus le faire sous le poids d’une nouvelle inattendue qui lui souffle dans le cou : la LNH a déjà trouvé son nouveau chouchou à Montréal.
Mais cette fois-ci, c’est plus qu’un match....
C’est un rappel brutal que l’époque où le Québec dominait la LNH entre les poteaux est en train de s’effriter.
Quand on pense aux grandes années, on pense à Patrick Roy, à Martin Brodeur. Puis Luongo, Fleury, Théodore, Giguère…
Le Québec était la pépinière des gardiens de but. Une fierté nationale. Un pilier de notre identité hockey.
Et aujourd’hui?
Il reste Samuel Montembeault.
Un seul. Un dernier symbole. Le seul espoir encore debout, encore là, à essayer de tenir le fort pendant que les autres nations avancent.
Mais là, même lui perd du terrain.
Et ce n’est pas un gardien américain. Ce n’est pas un russe. Ce n’est pas un suédois.
C’est Jakub Dobeš, un jeune Tchèque de 24 ans, qui s’impose comme la nouvelle étoile montante devant les yeux de tout le monde, dans notre propre club.
Oubliez Équipe Canada. Ce rêve-là s’efface.
Oubliez les projections olympiques, les tournois internationaux… parce que ce soir, au Centre Bell, Montembeault ne se bat pas juste pour une victoire.
Il se bat pour préserver ce qui reste de notre héritage québécois entre les poteaux.
Et c’est lourd. Très lourd.
Parce que quand la dernière forteresse tremble, ce n’est pas juste un joueur qui s’écroule.
C’est tout un pan de notre culture hockey qui vacille.
Et cette tuile-là, elle fait mal.
Misère...
